DEMAIN, TOUS IMMORTELS…
Sciences. C’est le dernier rêve. Un vieux rêve. Ne pas mourir, être immortel. C’est même la raison d’être du plus ancien texte dont nous disposons, L’Épopée de Gilgamesh, gravé sur des tablettes d’argile en sumérien, racontant comment le roi d’Ourouk part courir le monde pour obtenir « une vie sans fin », seul attribut divin dont il est privé… La fontaine de Jouvence, ensuite, ou la promesse de Calypso à Ulysse sont autant de motifs littéraires qui ont popularisé ce fantasme de reculer à jamais les frontières de la mort. Désormais, la quête n’est plus un fantasme. Et c’est la science qui se charge de le montrer, alimentée en subsides par les nouveaux maîtres du monde assis sur leur néo-Olympe de la Silicon Valley. Professeure d’hématologie à l’université Pierre-et-Marie-Curie, autrice du très remarqué 17 Femmes prix Nobel de sciences, Hélène Merle-Béral consacre son nouveau livre, limpide, court, stimulant, à « l’immortalité biologique », et au prix que la société est prête à payer pour vivre plus longtemps. Reprenant les anciens textes, et nous révélant les plus récentes recherches en la matière, passant des exosquelettes aux NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives) et aux « inhibiteurs de check-points immunitaires », elle nous rappelle qu’à Bruxelles, une « déclaration pour l’extension radicale de la durée de vie » a été adoptée par plus de cent chercheurs visant « la défaite du vieillissement » d’ici une génération. «Il n’est pas normal d’être mort », écrivait Baudrillard en 1976. À lire ce livre, on saisit que le XXIe siècle pourrait bien lui donner raison ■
L’Immortalité biologique, d’Hélène Merle-Béral (Odile Jacob, 175 p., 20,90 €).