Thriller chez les harponneurs
Poche. Un baleinier plein de baleines, de marins alcooliques, de harponneurs mal dégrossis et d’un capitaine cupide, qui frapperait le ciel s’il l’insultait, file à une vitesse de 15 noeuds vers le Grand Nord. Sauf que « la mer magnanime qui ne permet à rien de demeurer inscrit», comme disait Achab dans Moby Dick, les coince sur la banquise. Un matelot est assassiné. Jusque-là dans la cale, ça sentait la morue, le foutre d’avant-veille et les cheveux sales sous le bonnet. Désormais, la violence, les pulsions et le sang éclaboussent l’hiver arctique. C’est une histoire melvillienne paniquante comme du Manchette et plantée dans les décors de Jack London, c’est un huis clos insoutenable qui harponne le coeur et l’esprit, c’est une quadruple confrontation entre un homme et son passé, un homme et un assassin, un homme et les éléments, un homme et lui-même: bref, c’est la plus grande histoire de poisson depuis Moby Dick, un thriller humano-écolo-historique méchant, monstrueux, enveloppé de ténèbres ■
Dans les eaux du Grand Nord, de Ian McGuire (10/18, 312 p., 8,50 €).