Ghérasim Luca, chapeau l’artiste
Exposition. Son nom circule sur les lèvres de quelques initiés. Une exposition, à Paris, assortie à une vente de certaines de ses oeuvres, pourrait bien augmenter le nombre de ses aficionados. Poète, Ghérasim Luca était né à Bucarest en 1913, il s’était installé à Paris en 1952. Il avait converti les Roumains au surréalisme, tout en se méfiant des écoles.
Il avait pour amis Paul Celan, Wifredo Lam, il vivait à Montmartre, sous les toits, sans eau chaude. Il parlait une langue magnifique célébrée par Deleuze, Guattari, et aujourd’hui Linda Lê, Sylvie Germain ou Arthur H. Ghérasim Luca s’est jeté dans la Seine le 9 février 1994, « puisqu’il n’y a plus de place pour les poètes dans ce monde ». Les oeuvres exposées par la librairie Métamorphoses (paradis des bibliophiles, qui a édité un superbe catalogue) sont renversantes. Des dessins faits de centaines de petits points faisant naître des constellations à la Miro, Michaux, coquillages ou nuages. Des collages, où un chef-d’oeuvre, éparpillé façon puzzle, est recomposé aléatoirement, créant une autre oeuvre, onirique, qu’il appelait « cubomanie », un peu comme du Prévert branché sur du Breton, l’idéologie en moins, la liberté en plus ■
« Tourbillon d’être », à la librairie Métamorphoses (Paris), jusqu’au 22 février.