William Marx : « Le formatage des consciences est partout »
Le nouveau professeur du Collège de France, titulaire de la chaire de littératures comparées, réagit aux menaces qui pèsent sur la liberté d’enseigner certains textes.
Spécialiste de la tragédie grecque, auteur d’un livre qui a fait date sur la « haine de la littérature » (éd. de Minuit, 2015), William Marx avait vivement réagi en mars dernier à l’annulation d’une mise en scène des Suppliantes d’Eschyle à la Sorbonne, accusée par certaines associations de renouer avec la pratique du « blackface ». « La liberté artistique doit être totale tant qu’il n’y a pas d’incitation à la haine, déclarait-il au Point. Que le théâtre fasse débat, c’est important, mais pour qu’il y ait débat il faut au moins que les pièces soient jouées. La censure est contre-productive. » Nommé professeur titulaire de la première chaire de littératures comparées, il a donné le 23 janvier sa leçon inaugurale au Collège de France sur le thème « Par-delà la littérature – Lire dans la bibliothèque mondiale ». L’occasion de revenir avec lui sur les accusations d’« appropriation culturelle » qui tombent sur de plus en plus d’auteurs, sur la tendance à mesurer la valeur des oeuvres à l’aune de notre présent, et sur la liberté de créer et d’étudier les textes librement
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