L’âge d’or du bronze
Longtemps négligé, l’airain fait son retour. En témoigne la Big Crown Pointer Date d’Oris.
Le plus ancien des alliages fait de cuivre, de zinc et d’étain, utilisé après l’âge de la pierre et avant celui du fer, serait-il devenu le plus branché des métaux ? Alors qu’il n’est ni technique comme le carbone ou la céramique high-tech, ni précieux comme le platine ou l’or, il voit désormais sa teinte chaude et sa patine caractéristiques célébrées par les marques horlogères telles que Montblanc, Panerai avec la PAM 382, Tudor avec la Black Bay Bronze, mais aussi Oris avec la Big Crown Pointer Date.
Plus de quatre-vingts ans après le lancement du modèle, la maison suisse opte pour le bronze, et donc le vintage, pour rhabiller son boîtier et son cadran. Un modèle conçu pour devenir intemporel, à l’image des créations signées Rolex et Cartier. La firme dévoile ainsi un ensemble en airain jaune doré, recouvert de laque mate pour commémorer le temps qui passe. Prisé des esthètes et collectionneurs pour son look oxydé néo-rétro (accentué par un bracelet en cuir marron), le bronze évoque l’aventure et fait écho aux racines industrielles des horlogers d’antan.
Reconnue depuis 1904 pour avoir fait de l’horlogerie un luxe abordable et stylé, la firme indépendante d’Hölstein fut l’une des premières à donner à ce matériau ses lettres de noblesse. Dès 1938, elle imagine la première version de la Big Crown Pointer Date destinée aux aviateurs. Un objet pensé comme un outil fonctionnel doté d’une couronne surdimensionnée et cannelée – afin de l’ajuster facilement, notamment en vol avec des gants – et d’une complication inhabituelle utilisée pour la première fois : une date indiquée par une aiguille centrale « Pointer » rouge.
Produit sans interruption depuis sa création, le modèle a survécu à la Seconde Guerre mondiale, à l’avènement du quartz
Le bronze évoque l’aventure et fait écho aux racines industrielles des horlogers d’antan.
et aux nombreuses tendances qui se sont succédé. « Il est devenu une signature et un symbole fort de la renaissance d’Oris en 1980, après la crise du quartz », appuie Rolf Studer, codirigeant de la marque. Les designs horlogers vont et viennent mais celui de la Big Crown Pointer Date perdure et se renforce à travers sa simplicité, son élégance et son prix raisonnable pour une montre mécanique (1 800 euros). La pièce est d’ailleurs le best-seller de l’enseigne.
Si le bronze n’a pas toujours fait des émules – l’échec commercial en 1988 de la Gefica, conçue par le grand horloger Gérald Genta, en témoigne –, il mérite pourtant sa place dans l’horlogerie : « Un garde-temps habillé d’airain raconte une histoire, dégage une énergie et vivra selon la peau de son propriétaire et l’usage que celui-ci en fera, d’où des patines très diverses », soutient Rolf Studer. D’un brun rougeâtre au vert ou au gris, voire au noir, il est très difficile, tel un grand vin, de prédire à quoi ressemblera une montre ainsi parée après plusieurs années.
À l’heure du tout-digital horloger, Oris fait donc le choix d’une passion passéiste, comme on revient désormais aux plats de nos grands-mères et au mobilier Formica des années 1970
■