Une conspiration de la lâcheté
L’ex-journaliste de condamne le silence d’une partie de la gauche, de l’Observatoire de la laïcité ou des médias dans l’affaire Mila.
La ministre de la Justice devrait-elle réviser son droit ? À en croire son analyse juridique de l’affaire Mila, Nicole Belloubet doit carrément revoir sa copie. Selon elle, insulter la religion comme l’a fait la lycéenne serait une « atteinte à la liberté de conscience », et « c’est grave », a-t-elle ajouté sur l’antenne d’Europe 1. Bien plus graves sont des propos aussi inquiétants dans la bouche de celle qui est censée être la garante du fonctionnement et de l’indépendance de la justice, car en plus d’être juridiquement incohérents, ils sonnent comme une condamnation de notre liberté la plus fondamentale : la liberté de penser. Si la ministre s’est légèrement amendée en reconnaissant « une maladresse », un tel cafouillage au sommet de l’appareil judiciaire aurait nécessité plus qu’une pirouette en communication. Il exige en réalité une clarification de la doctrine politique de l’exécutif quant au climat inquisitoire qu’une partie des musulmans font régner en France, alors même que la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen avait aboli à jamais une telle vindicte obscurantiste sur le sol républicain. « Votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul », il a suffi du prétexte de la crudité de ces mots dans la bouche d’une adolescente pour qu’une conspiration de la lâcheté se tisse autour de son drame, la bien-pensance préférant le politiquement correct au droit, les bons sentiments – envers les agresseurs – au bon sens, l’instinct grégaire à la raison. Aurait-il fallu que Mila connaisse le même sort que les journalistes de Charlie Hebdo pour que sa défense se fasse sans réserve et à l’unanimité ? Cinq ans après leur massacre et celui du droit constitutionnel de moquer l’islam, la confusion idéologique propice à de tels crimes contamine l’appareil de l’État, ou comment la bataille contre « l’hydre islamiste » se mène en la caressant dans le sens du poil. Ni dérapage, ni maladresse, il s’agit là d’une faute. L’honneur
■