Communautariste à Grenoble
de communautarisme, Éric Piolle ne pense pas, il compte. Il a dans sa majorité des laïcards intransigeants et des indigénistes. Il attend de voir qui pèse quoi, puis il arbitre, d’où sa prudence dans l’affaire du burkini ». Celle-ci a éclaté fin juin 2019. Cinq femmes se sont baignées en maillot intégral à la piscine Jean-Bron, pour réclamer une modification du règlement municipal. L’opération était organisée par l’Alliance citoyenne, une association née en 2012. Pour Naëm Bestandji, blogueur et militant laïque grenoblois qui suit l’Alliance depuis longtemps, « la demande de burkinis est inexistante. C’est une revendication construite par des gens marqués à gauche, mais qui considèrent l’islam comme une part importante de leur identité. Des identitaires musulmans, en quelque sorte ». Naëm Bestandji a exhumé un post Facebook d’une porte-parole de l’Alliance citoyenne, Taous Hammouti, écrit juste après le massacre de Charlie Hebdo : « N’oubliez jamais que c’est Charlie qui a dégainé en premier. »
«Tweet catastrophique». « Je les vois parfois dans mon quartier interpeller des femmes musulmanes pour leur expliquer qu’elles sont des victimes, poursuit-il. Éric Piolle m’a reçu pour parler d’eux. Il n’est pas emballé par leur profil, mais ce sont des gens qui ont des appuis dans son camp et il doit composer. » À la stupéfaction d’une grande partie de la gauche grenobloise, le Planning familial 38 avait apporté son soutien au burkini en juillet 2019, au nom du droit des femmes à disposer de leur corps. Ce qui n’a pas dissuadé Éric Piolle d’intégrer sur sa liste, en position éligible, la présidente du Planning familial 38. Le burkini autorisé après les élections ? Le cabinet d’Éric Piolle botte en touche : « C’est à l’État de se positionner. » Une porte-parole de l’Alliance citoyenne, Fatiha Mammad, espère « une reconduction de l’équipe sortante » et souligne que « les arguments d’hygiène soulevés contre le maillot couvrant n’ont aucun sens », ce qui est exact. La question est uniquement politique.
« Éric Piolle n’a pas vraiment réfléchi au communautarisme, déplore un ancien collaborateur. Le sujet ne l’intéresse pas. Il verse dans le racialisme sans s’en apercevoir. Son tweet catastrophique sur “l’homme blanc pressé” était le signe d’une profonde incompréhension. » L’anecdote remonte au 15 mars 2019. Éric Piolle avait posté sur ses comptes Twitter et Facebook un message commençant ainsi : « La ville d’hier était faite pour l’homme blanc pressé au volant de sa voiture, la ville de demain est faite pour toutes et tous ! » Quelques heures et plusieurs centaines de commentaires atterrés plus tard, le post était effacé
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