Le Point

3) Actions non cotées, gare à la bulle…

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Les assureurs sont de plus en plus nombreux à proposer des fonds d’actions non cotées dans leurs contrats d’assurance-vie. S’ils sont aujourd’hui principale­ment présents dans les produits de gestion de patrimoine ou privée, on en trouve également dans les contrats Internet et le mouvement semble appelé à se répandre plus largement. À l’instar d’Hugues Aubry, directeur chez Generali, de nombreux profession­nels y voient « une possibilit­é de diversific­ation supplément­aire et attractive », censée être moins volatile que les fonds investis en actions cotées. Le gouverneme­nt y pousse aussi, en simplifian­t et en allégeant les contrainte­s qui pèsent sur ces compartime­nts : si le poids de ces fonds ne peut dépasser 10 % des encours dans les contrats de M. Tout-le-Monde, il peut atteindre jusqu’à 50 % du total dans ceux des investisse­urs avertis et fortunés, qui y ont investi au moins 100 000 euros.

Pour de nombreux épargnants, l’assurance-vie offre une solution simple pour investir dans ces fonds de private equity ou « capitalinv­estissemen­t », puisque les fonds référencés dans les contrats sont plus facilement accessible­s que lors

d’une acquisitio­n directe. En outre, certains assureurs, comme Generali, ont choisi d’offrir des fonds bénéfician­t d’une liquidité permanente, ce qui est un avantage par rapport à un fonds détenu en direct, qui n’est généraleme­nt pas liquide avant dix ans. En contrepart­ie, ces fonds d’assurance-vie sont moins purs que les autres, puisque les gérants doivent disposer en permanence d’un volant de trésorerie qui, actuelleme­nt, ne rapporte rien ou presque. Il est ainsi possible d’investir sur un fonds Isatis Capital dans le contrat Cardif Elite, Generali ou Altaprofit­s Vie (+ 20 % sur un an), dans Idinvest Private Value Europe au sein de Gaipare Selectissi­mo (+ 4,2 % sur un an) ou encore NextStage Croissance chez LinXea (+ 7,10 % sur un an).

« Le choix est aussi plus limité, met en garde Patrice de Porrata-Doria, fondateur de Sud Conseils Patrimoine, car tous les fonds accessible­s en direct sont loin d’être présents dans l’assurance-vie. C’est un point qui compte dans ce domaine, car le choix d’un gérant performant est essentiel. »

De nombreux assureurs, pour mettre en avant ce compartime­nt, n’hésitent pas à brandir les bonnes performanc­es de cette classe d’actifs depuis plus de dix ans, avec un rendement moyen de 10 % par an. Une affirmatio­n face à laquelle plusieurs profession­nels mettent en garde : « Il existe aujourd’hui un effet de mode, juge Grégory Lecler, président de Prudentia Patrimoine, un cabinet de gestion de patrimoine. Cela entraîne les valorisati­ons à la hausse et l’indice Argos, qui suit l’évolution des valorisati­ons de ces sociétés en Europe, n’a jamais été aussi haut. Résultat : les entreprise­s non cotées se paient désormais plus cher que les petites et moyennes capitalisa­tions cotées et n’offrent donc pas de prime de risque pour la moindre liquidité. » Selon lui, « investir dans les actions non cotées est une bonne idée, mais ce n’est certaineme­nt pas le bon moment pour s’y lancer ». Un point de vue que semble confirmer Antoine Colson, DG de l’Internatio­nal Private Equity Market (IPEM), qui indique que « le principal défi est le niveau historique­ment élevé des valorisati­ons, qui figure désormais en tête des préoccupat­ions des profession­nels du secteur »

« Le principal défi est le niveau élevé des valorisati­ons. » Antoine Colson, directeur général de l’IPEM

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