Meyer Azogui : « Les épargnants doivent s’adapter »
Pour le président de Cyrus, on peut obtenir jusqu’à 7 % de rendement si on accepte une moindre disponibilité de ses avoirs.
Le Point: Pourquoi les ménages doivent-ils changer leur approche en matière de placements? Meyer Azogui :
Le monde a changé. Les épargnants doivent désormais s’adapter à un nouvel environnement financier, législatif, technologique… caractérisé par l’absence ou presque de rémunération des placements sans risque. Cette évolution implique, non pas de se précipiter sur les placements à risque plus rémunérateurs et, aussi, plus volatils, mais de définir une nouvelle hiérarchie entre les placements faiblement rémunérés – dont on peut avoir besoin pour couvrir des dépenses immédiates – et des placements à plus long terme.
Des placements plus risqués?
Meyer Azogui, président de Cyrus.
S’ils sont décorrélés entre eux, ces placements peuvent dégager une performance « sûre » et honorable (voir ci-dessous). Les trois conditions sine qua non pour espérer un rendement convenable sont par conséquent la prise de risque, l’acceptation d’une indisponibilité temporaire de son capital et le fait de passer plus de temps à s’occuper de son patrimoine. Pour compliquer cette mutation, cette recomposition arrive dans une période où les classes d’actifs sont chères et dans une France où la culture financière est balbutiante ! En outre, elle se double d’autres changements moins radicaux mais tout aussi impactants.
Quels sont-ils?
J’en vois quatre. L’évolution la plus importante est la baisse continue du rendement de l’assurance-vie
Quel portefeuille pour quelle performance ?
POUR UN RENDEMENT DE 3 % 15 15
10
25 20
POUR UN RENDEMENT DE5% 15 15 au travers de son produit fétiche, le fonds en euros. Cette descente progressive aux enfers, qui se prolongera les prochaines années, implique de se tourner vers les unités de compte ainsi que vers de nouveaux produits, comme les placements structurés, dont le rendement sera supérieur à celui du fonds en euros tout en offrant une certaine garantie. Ils constituent pour nous une classe d’actifs à part entière. Le deuxième changement est plus prometteur : c’est la démocratisation du capitalinvestissement et des titres non cotés, placements qui donnent « du sens » à son épargne. Le troisième est l’apparition, avec la mise en oeuvre de la loi Pacte, d’une nouvelle enveloppe fiscale, appelée plan d’épargne retraite individuel – PER –, à côté des enveloppes existantes – assurance-vie – pouvant drainer de l’épargne longue et répondre à des besoins qui seront de plus en plus cruciaux: dégager un complément de retraite. Quatrième innovation : 2020 verra la mise en place d’une plus grande transparence sur la rémunération perçue par les gérants et les gestionnaires.
Y a-t-il des mesures dont vous regrettez qu’elles n’aient pas été adoptées?
Oui, il y en a une : que le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, n’ait pas été au bout de sa proposition de diminuer les droits de donation pour encourager le transfert de patrimoine entre les générations en raccourcissant de quinze à dix ans, voire à six ans, le temps entre deux donations ou en augmentant de 100 000 à 150 000 euros le plafond des abattements en ligne directe
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10 35
POUR UN RENDEMENT DE 7 %
25 30
directeur Marchés, Conseil et Gestion chez Milleis Banque
plus, comme c’est le cas sur Miimosa : Il Était Un Fruit (mise en valeur de fruits déclassés) propose ainsi un rendement de 5,75 % pour un prêt sur quarante-huit mois afin de financer son développement. Début février, plus de 180 000 euros avaient été collectés sur un total recherché de 300 000 euros.« En moyenne, le rendement s’établit à 3,8 %, avec une collecte allant de 60 000 à 80 000 euros », précise Florian Breton, fondateur de Miimosa.
Les projets faisant appel à l’épargne sont extrêmement variés. Certains sont directement pilotés par des agriculteurs, par exemple pour agrandir le cheptel ou la taille de l’exploitation, permettre à un exploitant de passer au bio, installer une unité de méthanisation ou des panneaux solaires… Ce ne sont pas seulement des petites structures familiales qui sont concernées : « Il existe de grands projets, notamment pour accompagner la transition de certains fournisseurs de très grandes enseignes, explique Florian Breton. Les collectes atteignent alors de 300 000 à 600 000 euros, et associent des fonds de dette ou des family offices. » D’autres projets sont plus liés à l’alimentation, par exemple la création d’un élevage de truites ou l’installation d’une fabrique de yaourts ou de glaces bio dans une ferme. Il existe également des projets originaux, tels que l’implantation à Paris d’une ferme urbaine qui se veut la plus grande d’Europe.
Les prêts sont généralement d’une durée de trente-six à soixante mois, et, comme un banquier, vous serez remboursé au fil des mois à partir du moment où le demandeur aura réussi à lever les fonds désirés. Il existe parfois un délai de latence avant le remboursement de la première mensualité, mais l’épargne fructifie pendant cette période puisque les intérêts sont payés avec un léger différé. Il y a aussi un risque de perte en capital si l’agriculteur dépose le bilan.
Comme sur l’ensemble des plateformes de financement participatif, vous obtiendrez pour chaque projet des informations sur le demandeur, son entreprise ou exploitation, ses projets et la manière dont il compte utiliser les sommes levées. Le rendement promis tient compte du niveau de risque présenté par le demandeur : plus il est solide, moins la rentabilité est importante. Un risque que Florian Breton qualifie de « très faible » : « L’agriculture est l’un des secteurs les plus sûrs, et, après dix-huit mois d’existence, aucun de nos emprunteurs n’a fait défaut », insiste-t-il. Il est peutêtre temps de faire respirer le grand air à votre argent !
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Il Était Un Fruit propose un rendement de 5,75 % pour un prêt sur quarante-huit mois.