La minute antique

BLASPHÈME ? La polémique – mais d’abord l’absence de courage d’une partie de la classe politique – ayant entouré ce qu’il faut, hélas, appeler « l’affaire Mila » nous décide cette semaine à conseiller le petit livre salutaire de Maurizio Bettini, Éloge du polythéisme. Ce que peuvent nous apprendre les religions antiques (Les Belles Lettres, 216 p., 17 €). Parce qu’il montre notamment que, même si le monde antique a connu de terribles conflits, ceux-ci n’ont jamais été motivés par la violence religieuse qui a ensanglanté les monothéismes. Parce qu’il nous rappelle que l’empereur Sévère Alexandre (IIIe siècle après J.-C.) faisait se côtoyer sur son autel des effigies d’empereurs divinisés avec celles du Christ, d’Abraham et d’Orphée. Parce qu’il nous montre combien certains textes satiriques ont pu tourner en dérision les dieux, mais aussi leurs dévots ridicules. Une sacrée leçon, comme l’a souligné sa collègue Vinciane Pirenne-Delforge dans son cours au Collège de France : « La force du polythéisme, c’est qu’il ne travaille pas en termes de vérité et d’erreur. (…) Quand la peur des dieux devient trop importante, alors vient la superstition, dont les Grecs se moquaient. » Le mot est important : « se moquaient »

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