Un crime presque parfait
Roman. Ce crime est à moi : le titre du dernier livre de Philippe Ridet est une fausse piste. La plume du Monde n’a tué personne, ni ne s’est recyclée en auteur de polar. Bon, un jour de l’été 1974, une étudiante en philo possessive a bien fait feu sur un séduisant maîtrenageur de la piscine AlainGottvallès d’une ville de l’Ain. L’homme ne s’est pas relevé, mais notre narrateur, lui, a continué de faire des longueurs (il n’en a laissé aucune dans son récit). Car le vrai sujet, ici, c’est l’histoire, à la première personne, d’un homme qui revient quarante ans après sur les lieux de cette tragédie provinciale et sur ses souvenirs dans sa ville natale : la fameuse piscine, « centre de mon univers entre 13 et 18 ans », avec ses nageuses « aux épaules carrées et aux cuisses interminables » ; le cinéma Vox à 3,50 francs le fauteuil d’orchestre ; la rue Montesquieu « droite comme un crayon» ... Le premier livre de Philippe Ridet s’intitulait Le Président et moi, le deuxième L’Italie, Rome et moi et maintenant Ce crime est à moi. Le véritable héros de Ridet, c’est lui. Et, bien sûr, c’est un antihéros. À la fois portrait d’un homme, d’une ville et d’une époque – les années 1970 –, Ce crime est à moi ne révèle pas vraiment pourquoi l’étudiante a tué son amant, mais on s’en fiche un peu. On est en revanche certain que le «crime» de Philippe Ridet est (presque) parfait
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Ce crime est à moi, de Philippe Ridet (Équateurs, 204 p., 20 €).