Surenchère communautariste à Grenoble
Dans la seule métropole dirigée par les écologistes, les activistes religieux prospèrent.
Le vivre-ensemble à Grenoble ? Non seulement il existe, mais il est disponible en deux versions. La moitié nord est peuplée de cadres, d’ingénieurs et de chercheurs, écologistes dans l’âme. Au sud, les cités abritent des communautés soudées de familles issues de l’immigration. Des oubliés de la République ? Pas vraiment. Un plan voté en juin 2019 par Grenoble-Alpes Métropole prévoit 447 millions pour les quartiers. Plus de 100 millions d’euros ont déjà été dépensés depuis 2006 pour raser des tours, rénover la voirie, renouveler les équipements publics, sans grand succès. Enfants de l’immigration compris, « ceux qui peuvent se payer un logement ailleurs partent, les uns après les autres », se désole Nicolas Duport, coprésident de l’Union de quartier Village olympique. Peu suspect de xénophobie, Olivier Noblecourt, candidat aux municipales sur une liste soutenue par le PS, ne croit plus à court terme au retour de la mixité sociale à la Villeneuve. Membre du cabinet de Najat Vallaud-Belkacem à l’Éducation nationale de 2014 à 2017, il a entériné plusieurs fermetures de collèges ghettoïsés. À l’époque, le PS n’assumait pas cette politique. « Nous aurions dû, elle était bonne ! » tranche Olivier Noblecourt.
Réservé aux femmes. Tête de liste LREM à Grenoble, Émilie Chalas (18 % d’intentions de vote selon Odoxa) partage son analyse. Mais, la politique n’étant pas seulement affaire de grands principes, Émilie Chalas compose avec les réalités d’un terrain où le communautarisme devient le choix par défaut. Dans son équipe de campagne, le référent pour les quartiers populaires est un entrepreneur nommé Hamid Djellal. Avec son frère Rachid, il exploite une salle de gym à la Villeneuve depuis plus de quinze ans, dans des locaux loués par Grenoble-Alpes Métropole. Les deux frères ont récemment décidé d’agrandir leurs locaux en ouvrant un espace de fitness… réservé aux femmes. La collectivité semble donc bien partie pour devenir le bailleur d’un espace de sport « pudique », selon la terminologie en vigueur. Émilie Chalas relativise : « Les salles de remise en forme non mixtes existent ailleurs qu’à la Villeneuve… »
Interrogé, le cabinet du maire répond ne pas être au courant de ce projet de salle. Plus généralement, il entend aider ces quartiers « qui ont une âme » par « la rénovation énergétique, les coulées vertes et les circulations douces ». « La fracture nord-sud est dans la tête des gens et en particulier celle d’Alain Carignon», assène un proche collaborateur d’Éric Piolle, le maire actuel.
Chef de file de l’opposition LR (qui ne se représente pas), Matthieu Chamussy estime qu’en « matière
« Éric Piolle n’a pas vraiment réfléchi au communautarisme. Il verse dans le racialisme sans s’en apercevoir. » Un ex-collaborateur