A-t-on le droit de critiquer le confinement ? par Sébastien Le Fol
Dans un article courageux et argumenté, paru sur le site de Libération, le journaliste Jean Quatremer fustige le confinement imposé aux Français. « Tant que l’état d’urgence s’appliquera, la France n’est plus une démocratie, même si elle n’est pas tout à fait une dictature », écrit-il. Les mots sont forts, les arguments discutables. Mais il est de nécessité publique que cette critique s’exprime. Depuis la mi-mars, la liberté d’expression s’étiole dans notre pays. Face au fléau sanitaire, tout le monde a l’injonction de penser la même chose. Il n’y a plus qu’un camp du bien : celui qui soutient l’assignation à domicile des Français. La moindre critique, le moindre doute sur la politique menée sont assimilés à des commentaires dignes du « café du commerce ». Le Premier ministre a prononcé ce mot à la tribune de l’Assemblée nationale. Le café du commerce ? Tous ceux qui ne savent pas, qui se contentent d’avoir une opinion. La démocratie, quoi… En son temps, déjà, l’écrivain fascisant Pierre Drieu la Rochelle se plaignait de « cette France de l’apéro ». Heureusement pour les « sachants » qui nous gouvernent, les cafés resteront encore fermés quelque temps. Cela évitera la propagation des avis divergents. La France confinée ressemble de plus en plus à 1984 d’Orwell. Tel le commissariat aux Archives du ministère de la Vérité imaginé par l’écrivain, le gouvernement sélectionne désormais les « sources d’information sûres et vérifiées » quant à la pandémie. Orwell n’aurait peut-être pas imaginé que l’on pût imposer le tennis en simple et une distance minimale de 10 mètres entre deux cyclistes ou deux joggeurs. Dans la répression et la vexation, l’État français se montre bien plus imaginatif. En revanche, sa communication fleure l’amateurisme. Elle est infantilisante. Cet autoritarisme croquignolesque, pour utiliser un adjectif qu’affectionne le chef de l’État, nous sépare heureusement du totalitarisme orwellien. Il est temps que cesse cette comédie du pouvoir, le seul spectacle auquel nous ayons droit depuis deux mois
■