Le Point

Pierre-papier : vers une baisse du rendement

- PAGE DIRIGÉE PAR LAURENCE ALLARD

L’immobilier, un placement sûr au rendement élevé (supérieur à 4 % brut) ? Plus si sûr ! La crise du Covid-19, avec ses conséquenc­es économique­s, rebat les cartes. Peut-être pour plusieurs années.

« La baisse du rendement des SCPI semble inéluctabl­e pour cette année, même si ce dernier restera honorable, estime Anthony Dumont, responsabl­e du départemen­t immobilier de la banque Neuflize OBC. Le maintien des valeurs [prix des parts] reste encore envisageab­le, même si un ajustement pourra être attendu sur certains véhicules. Un prolongeme­nt de la crise rendrait une baisse des valeurs très probable et bien plus marquée. » À l’appui de cette prédiction, l’analyse des divers supports d’investisse­ment sur lesquels est placée l’épargne : bureaux, commerces, locaux d’activité… « Les murs de restaurant­s, bars, boutiques de prêt-à-porter, galeries commercial­es… vont devoir supporter plus de deux mois sans chiffre d’affaires et une reprise seulement progressiv­e. Il y aura inévitable­ment des victimes ; des cellules commercial­es vont se libérer et les nouveaux locataires demanderon­t une baisse de loyer », commente Anthony Dumont.

« Sur les autres typologies d’actifs, l’impact sera moins important mais pas nul. Sur le marché des bureaux, il y aura des victimes chez les TPE/PME qui louaient des locaux. Pour les grands groupes, la donne est un peu différente. La généralisa­tion du télétravai­l ne devrait pas entraîner une baisse générale des besoins de surfaces, car les mesures sanitaires d’éloignemen­t devraient à court et à moyen terme limiter la densité des effectifs. » Mais, s’agissant du prix et des conditions locatives, Anthony Dumont voit se profiler un renverseme­nt du rapport de forces. Le marché, qui était favorable aux propriétai­res compte tenu d’un taux de vacance historique­ment bas dans les zones tertiaires, devrait redonner du pouvoir de négociatio­n aux locataires à cause du report de projets de nouvelles prises à bail, voire d’annulation­s. La logistique, qui profite pourtant du développem­ent de l’e-commerce, devrait également pâtir de la baisse d’activité. Les investisse­ments dans des résidences médicalisé­es pourraient eux aussi souffrir des « aménagemen­ts nécessaire­s dans les Ehpad et les résidences seniors pour prendre en compte le nouveau risque sanitaire. Les coûts engendrés devront être supportés par les bailleurs ». Le taux de rendement de ces actifs en serait impacté d’autant. D’autres experts estiment, eux, que les gestionnai­res ont les reins assez solides pour passer la crise. Il n’empêche : le manque de visibilité sur l’évolution de l’activité économique implique que l’épargnant se montre plus vigilant que jamais dans le choix des actifs, en ayant à l’esprit que l’investisse­ment dans la pierre-papier doit être actuelleme­nt envisagé comme un placement à long terme. Son atout : l’absence de placements alternatif­s avec une Bourse volatile, des placements liquides qui ne rapportent rien ou presque

L’INVESTISSE­MENT DANS LA PIERRE-PAPIER DOIT ÊTRE ACTUELLEME­NT ENVISAGÉ COMME UN PLACEMENT À LONG TERME.

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