Pierre-papier : vers une baisse du rendement
L’immobilier, un placement sûr au rendement élevé (supérieur à 4 % brut) ? Plus si sûr ! La crise du Covid-19, avec ses conséquences économiques, rebat les cartes. Peut-être pour plusieurs années.
« La baisse du rendement des SCPI semble inéluctable pour cette année, même si ce dernier restera honorable, estime Anthony Dumont, responsable du département immobilier de la banque Neuflize OBC. Le maintien des valeurs [prix des parts] reste encore envisageable, même si un ajustement pourra être attendu sur certains véhicules. Un prolongement de la crise rendrait une baisse des valeurs très probable et bien plus marquée. » À l’appui de cette prédiction, l’analyse des divers supports d’investissement sur lesquels est placée l’épargne : bureaux, commerces, locaux d’activité… « Les murs de restaurants, bars, boutiques de prêt-à-porter, galeries commerciales… vont devoir supporter plus de deux mois sans chiffre d’affaires et une reprise seulement progressive. Il y aura inévitablement des victimes ; des cellules commerciales vont se libérer et les nouveaux locataires demanderont une baisse de loyer », commente Anthony Dumont.
« Sur les autres typologies d’actifs, l’impact sera moins important mais pas nul. Sur le marché des bureaux, il y aura des victimes chez les TPE/PME qui louaient des locaux. Pour les grands groupes, la donne est un peu différente. La généralisation du télétravail ne devrait pas entraîner une baisse générale des besoins de surfaces, car les mesures sanitaires d’éloignement devraient à court et à moyen terme limiter la densité des effectifs. » Mais, s’agissant du prix et des conditions locatives, Anthony Dumont voit se profiler un renversement du rapport de forces. Le marché, qui était favorable aux propriétaires compte tenu d’un taux de vacance historiquement bas dans les zones tertiaires, devrait redonner du pouvoir de négociation aux locataires à cause du report de projets de nouvelles prises à bail, voire d’annulations. La logistique, qui profite pourtant du développement de l’e-commerce, devrait également pâtir de la baisse d’activité. Les investissements dans des résidences médicalisées pourraient eux aussi souffrir des « aménagements nécessaires dans les Ehpad et les résidences seniors pour prendre en compte le nouveau risque sanitaire. Les coûts engendrés devront être supportés par les bailleurs ». Le taux de rendement de ces actifs en serait impacté d’autant. D’autres experts estiment, eux, que les gestionnaires ont les reins assez solides pour passer la crise. Il n’empêche : le manque de visibilité sur l’évolution de l’activité économique implique que l’épargnant se montre plus vigilant que jamais dans le choix des actifs, en ayant à l’esprit que l’investissement dans la pierre-papier doit être actuellement envisagé comme un placement à long terme. Son atout : l’absence de placements alternatifs avec une Bourse volatile, des placements liquides qui ne rapportent rien ou presque
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L’INVESTISSEMENT DANS LA PIERRE-PAPIER DOIT ÊTRE ACTUELLEMENT ENVISAGÉ COMME UN PLACEMENT À LONG TERME.