La chronique de Patrick Besson
Othello (1604) : violences conjugales infligées à une Vénitienne par un Maghrébin, suivies de féminicide.
Shakespeare autoplagiaire : les conseils de la comtesse de Roussillon à son fils Bertrand dans Tout est bien qui finit bien (1602), identiques à ceux de Polonius pour son fils Laërte dans Hamlet (1600).
Bukowski shakespearien : Falstaff ivre tapant sur une machine à écrire.
La scène la plus érotique de toutes ses pièces : un juge puritain courtise, sans succès, une religieuse vierge (Mesure pour mesure, 1603).
Ces héros shakespeariens qui ne se rendent pas compte que la fille dans leur lit n’est pas celle qu’ils y avaient invitée, même quand c’est un garçon.
Shakespeare engendra Joyce, qui engendra Nabokov, qui n’engendra personne.
Bon faiseur de chefs-d’oeuvre.
Les Élisabéthains comme les romantiques français, obsédés par l’argent.
Les frères littéraires ennemis : Shakespeare et Marlowe, Dostoïevski et Tourgueniev, Hemingway et Fitzgerald, Sartre et Camus, Sollers et Hallier.
Le milieu artistique, appelé par les Japonais du XVIIIe siècle « le monde sans attaches ».
Comme Joyce et Nabokov, adorant son père et adoré de lui. Quiproquos meurtriers, bévues hilarantes, malentendus abyssaux.
Claire Bloom, ultracraquante en reine quinquagénaire salope dans Cymbeline (BBC, 1983), mariée dans la vie à l’écrivain obsédé sexuel Philip Roth.
Quand un metteur en scène fera-t-il jouer les rôles de femmes par de jeunes acteurs comme du vivant de Shakespeare ?
La fureur et la passion amoureuse jamais mieux exprimées depuis.
La jalousie : le meilleur moyen pour devenir fou (Othello, Leconte, Marcel). « A sad tale is best for winter » (Le Conte d’hiver, 1610)
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