Le ciel ne nous tombera pas sur la tête !
L’expert Patrick Michel détaille son plan de déviation en cas de crash d’un astéroïde sur la Terre.
Le risque d’une pandémie meurtrière était connu. À l’évidence, nous n’avons pas su l’anticiper. Il est un autre risque lointain mais certain : celui du crash d’un astéroïde sur la Terre. Patrick Michel, astrophysicien à l’Observatoire de la Côte d’Azur, directeur de recherche au CNRS et expert mondialement reconnu de ces plus ou moins petits corps du système solaire, se bat pour que l’humanité se prépare à cette éventualité. Ironie du sort, c’est en décembre 2019 que la mission spatiale de déviation d’astéroïde, qu’il défend depuis plus de quinze ans, a enfin reçu le feu vert de l’Agence spatiale européenne ! Baptisée Hera, elle est le pendant d’une mission américaine, Dart, développée de concert. Celui qui est de toutes les missions « petits corps » du monde, de la japonaise Hayabusa 2 à l’américaine OSIRIS-REx, tient enfin les rênes de la mission de sa vie. Voici comment il espère préserver les générations futures d’une catastrophe planétaire.
Le Point: Comment a-t-on pris conscience qu’une collision avec un astéroïde constituait un risque pour la vie sur Terre?
Patrick Michel: La première prise de conscience remonte à juillet 1994, lorsque la comète Shoemaker-Levy 9 a frappé Jupiter. Comme nous savions que cette collision allait se produire, une campagne d’observation a été organisée. Pour la première fois, des humains ont vu un impact se produire sous leurs yeux, laissant sa marque sur la planète géante. À la suite de cela, début 2004, l’Agence spatiale européenne (ESA), pionnière en la matière, a sollicité six experts – dont j’ai fait partie – pour recommander des missions spatiales destinées à faire face à ce risque. Nous avons alors proposé ce qui nous paraissait le plus pertinent : un test de déviation d’un astéroïde. Fin 2004, la veille de Noël, alors que nous vérifions avec deux collègues étrangers les probabilités d’impact, nous avons découvert que l’astéroïde Apophis présentait un risque de collision avec la Terre en 2029 et réalisé du même coup que nous n’avions ni protocole ni organe décisionnaire à qui donner l’alerte pour passer à l’acte.
Les institutions internationales se sont-elles saisies de la question?
C’est l’Association des explorateurs de l’espace, regroupant tous les astronautes, qui a décidé d’adresser un rapport à l’ONU. Les Nations unies ont alors mandaté une équipe – dont j’ai encore fait