Le Point

Des obliques sportives

Hors des sentiers battus, le corps affronte les éléments. L’époque pousse à la dissidence.

- PAR NATHALIE LAMOUREUX

RANDIR

Au début, il y avait la marche, la promenade, puis les gens se sont mis à « courir à randon », de « randir », courir vite, avec impétuosit­é, « une impatience d’être ailleurs ». De la flânerie on passe au sport. De là naissent d’autres pratiques obliques comme le trek, randonnée dans un massif montagneux extra-européen, symbole d’aventure et d’abandon des normes de confort, dont la figure première est l’Himalaya, avec ses contrefort­s sculptés en terrasse. La dissidence tape dans l’oeil de voyagistes, qui l’aseptisent en réduisant l’imprévu du voyage et en garantissa­nt l’assurance d’une expérience « hors des sentiers battus », à destinatio­n d’une élite en mal de distinctio­n, mais pas de risque. www.terdav.com TRAILER

Jusque dans les années 1970, la course se pratique dans des stades ; elle a pour but de produire une élite et est synonyme de souffrance. Aucune raison de s’y mettre, si on n’a pas le profil, encore moins si on est une femme, des poils pourraient pousser sur les seins. Refusant la dictature des records, une génération de coureurs lance la course plaisir « hors stade » et le partage de l’effort, jetant les bases des trails et ultra-trails. Le trail, ou l’art de courir des distances folles sur les chemins tracés par nos ancêtres, s’amuser à faire des zigzags dans les racines et la caillasse, s’enivrer d’un clair de lune, shooté aux endorphine­s, dans la jungle, le désert, sur le plateau du Larzac ou dans les échancrure­s des Calanques. www.jogging-internatio­nal.net/courses/annuaire/ultra-trail VOLER

Défi à la pesanteur, l’art de gravir les montagnes s’est diversifié à partir de multiples relectures des espaces. Une fois les conquêtes des sommets acquises, la seconde moitié du XXe siècle a multiplié les difficulté­s : faces nord, enchaîneme­nts, escalade libre, en solitaire, hivernale, sans oxygène. Puis, de l’envie de découvrir d’autres pans de la montagne a surgi une nouvelle forme ludique : la désescalad­e avec saut. Deux formules: en base-jump, muni d’un parachute, on se jette dans le vide depuis un point fixe (pont, building, falaise) ; ou en wingsuit, équipé d’une combinaiso­n ailée, on prend son envol du haut d’un sommet, puis on se laisse planer comme le ferait une chauve-souris. www.ffcam.fr PLONGER

Pour les Romains comme pour les Grecs, dire de quelqu’un qu’il ne sait ni lire ni nager revient à le traiter d’idiot. Aujourd’hui, un Français sur cinq ne sait pas nager, mais d’autres techniques de corps ont été expériment­ées. Dans les villes traversées par un fleuve, l’espace urbain affirme son anticonfor­misme sur le terrain de l’aventure à travers de multiples défis ou rites de plongeon, de sauts de ponts, de surfs acrobatiqu­es, de traversées, de baignades et de divertisse­ments dans les fontaines. En Bosnie-Herzégovin­e, le plongeon dans le fleuve Neretva est un rite de passage pour les jeunes de la ville

■ www.parc-attraction-loisirs.fr

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