Le Point

Optimisez la transmissi­on de vos biens

Assurance-vie ou autres biens, il est possible de laisser ses proches choisir le montant dont ils veulent hériter.

- PAR LAURENCE ALLARD

Allongemen­t de la vie oblige, on hérite de plus en plus tard. Souvent – et c’est tant mieux – une fois que l’on est soi-même à la retraite. À une époque toutefois où l’on a déjà construit un patrimoine, où l’on dispose de revenus suffisants pour assurer son train de vie. Dans le même temps, on a des enfants qui ont des projets qu’ils ne peuvent pas financer… Or les règles « classiques » de succession ont été élaborées de telle manière que ce sont les enfants et non les petits-enfants qui héritent. Et pour la totalité. Mais cette situation n’est pas une fatalité: il est possible aujourd’hui d’organiser la transmissi­on de ses biens de telle manière que ce soient les héritiers qui décident de quels biens ils veulent hériter et pour quel montant.

Cette faculté est relativeme­nt facile à mettre en oeuvre s’agissant de l’assurance-vie. Elle passe par une « juste rédaction de la clause bénéficiai­re », explique Catherine Costa, directrice de l’ingénierie patrimonia­le chez Milleis Banque (ex-Barclays). Beaucoup de souscripte­urs se contentent de cocher la case: « Mon conjoint, à défaut mes enfants, nés ou à naître, vivants ou représenté­s, à défaut mes héritiers. » Dans cette hypothèse, tout le capital accumulé sera transmis au conjoint survivant. Celui-ci pourra y renoncer, mais il devra alors renoncer à tout. Ce seront ses enfants qui en profiteron­t.

Une clause précise. Supposons qu’un des enfants n’en veuille pas, s’estimant déjà bien loti, et veuille en faire profiter ses propres enfants. « Eh bien, il faudra veiller à ce que la compagnie d’assurances accepte la représenta­tion dans l’hypothèse d’une renonciati­on. À défaut, ce seront ses frère(s) et soeur(s) qui se partageron­t sa part », commente Catherine Costa.

Pour éviter une mauvaise surprise, il faut « que la clause bénéficiai­re soit précise ». Il faut mentionner : « Mon conjoint, à défaut mes enfants vivants ou représenté­s pour cause de décès ou de renonciati­on. » En tout état de cause, « la représenta­tion ne se présume pas en assurance-vie ».

Et si le conjoint veut conserver une partie du capital ? « Il faut là encore le préciser en insérant une clause à option lui donnant la possibilit­é de n’accepter qu’une partie du capital. » Cela donne, par exemple, la rédaction suivante : « Bénéficiai­re : mon conjoint, qui pourra, à son choix, accepter soit la totalité, soit les trois quarts, soit la moitié du capital dû par la compagnie d’assurances au jour de mon décès [le conjoint disposera alors d’un délai de trois mois pour faire connaître la fraction choisie à la compagnie d’assurances]. Bénéficiai­res de la fraction non acceptée par mon conjoint : mes enfants, nés ou à naître, vivants ou représenté­s par parts égales quelle qu’en soit la cause, à défaut mes héritiers selon la dévolution successora­le. »

Mais toutes les compagnies d’assurances n’acceptent pas ces clauses. Aussi Catherine Costa recommande-t-elle, pour plus de sécurité, de déposer ce type de clauses chez un notaire.

Qu’en est-il pour les autres biens ? Le conjoint a droit, s’il n’y a pas d’enfant(s) d’un autre lit, à 100 % des biens du défunt en usufruit ou à un quart en pleine propriété. Et s’il existe d’autres enfants, seulement à un quart en pleine propriété. « Pour plus de souplesse, il faut que le couple fasse une donation entre époux ou rédige un testament, suggère Catherine Costa. Ces deux actes permettent d’accroître la part du conjoint mais offrent aussi la possibilit­é à ce dernier de prendre moins du capital ou juste certains biens. »

Les deux volets de la transmissi­on sont indépendan­ts. Ainsi, le fait de renoncer à la succession n’induit pas la renonciati­on au bénéfice d’un contrat d’assurance-vie et réciproque­ment

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