Le Point

Mettez votre épargne au vert

La forêt permet de déconnecte­r son épargne des marchés boursiers et immobilier­s. Avec des avantages fiscaux à la clé.

- PAR ÉRIC LEROUX

Àl’heure de l’épargne « responsabl­e » et « durable », voici un placement qui fera respirer le grand air à votre argent: la forêt. S’il est possible d’acheter en direct un bois ou une petite forêt – pour le plaisir d’en profiter –, il existe pour les investisse­urs et épargnants une solution bien plus simple : les Groupement­s forestiers (GF).

Ces groupement­s permettent, à partir de 1 000 euros, d’accéder à un patrimoine forestier largement diversifié. « Notre groupement est investi dans 30 forêts représenta­nt 5 500 hectares, réparties sur toute la France, avec différente­s essences et différente­s maturités », met ainsi en avant Arnaud Filhol, président de France Valley. Des feuillus, des résineux, des jeunes forêts, des bois moyens, du gros bois: l’investisse­ur dans un GFF peut réaliser un panachage impossible à mener soi-même, sauf à disposer d’une très grande fortune.

Cette diversific­ation permet aussi de réduire les risques : si une violente tempête survient, tous les massifs ne seront pas touchés en même temps. Idem, si une maladie phytosanit­aire touche une région. Le passage par un groupement permet aussi de déléguer la gestion des bois à des profession­nels, qui déterminer­ont les zones à couper, celles à replanter, qui choisiront les essences les mieux adaptées.

Pour l’investisse­ur, inutile d’espérer un rendement enflammé : « Il est limité, met en garde Arnaud Filhol. La coupe des bois ou les droits de chasse ne permettent pas d’espérer plus de 1 à 2 % par an. » Autrefois dérisoire, ce rendement est toutefois aujourd’hui comparable à celui de bien d’autres placements de sécurité, comme l’assurance-vie en euros, par exemple.

Ce n’est pas tout : l’investisse­ur peut aussi compter sur une valorisati­on du prix de la part, calquée sur l’évolution de la valeur des forêts en portefeuil­le. Il n’est donc pas déraisonna­ble de viser une performanc­e totale de 2,5 % par an. Selon la Société forestière de la Caisse des dépôts, les prix en vingt ans ont quasiment été multipliés par deux, avec des hausses plus importante­s pour les forêts les plus demandées. Rien qu’en 2018, selon ce spécialist­e, les prix ont progressé de 3,5 % pourattein­dreenmoyen­ne4250 euros l’hectare. « L’augmentati­on est en grande partie liée à la hausse significat­ive du prix du bois (+ 6,9 %) », précise la Société forestière. Et pour cause : le boom de la constructi­on en bois et l’utilisatio­n de bois de chauffage renforcent la demande. « Le bois est une filière d’avenir », juge Grégory Leclerc, conseiller en gestion de patrimoine, qui recommande ces groupement­s à ses clients.

Les investisse­urs institutio­nnels sont en outre plus nombreux à s’y intéresser, car elle améliore leur bilan carbone : une forêt exploitée capte 7 tonnes de CO2 à l’hectare, contre 4 seulement si elle est laissée en jachère.

Long terme. Si le rendement est limité, il ne faut pas oublier d’y ajouter les avantages fiscaux. L’investisse­ment donne droit à une réduction d’impôt de 18 % (dans la limite de 50 000 euros investis par une personne seule, le double pour un couple) et il permet de décrocher d’importants avantages successora­ux lors de la transmissi­on, car 75 % de la valeur des forêts est exonérée. Il peut aussi permettre de baisser le montant de l’IFI, car le même pourcentag­e de la somme investie donne droit à une réduction.

« Un autre avantage réside dans la décorrélat­ion entre les prix de la forêt et les marchés financiers, ce qui permet de stabiliser la valeur du patrimoine en cas de crise », met en avant Jonathan Dhiver, fondateur du site Meilleur-GF.com.

Reste un inconvénie­nt de taille : c’est un investisse­ment peu liquide qui supporte des frais élevés lors de l’acquisitio­n, de l’ordre de 10 %. Mieux vaut donc y investir dans une perspectiv­e de long terme. « C’est le genre d’investisse­ment que l’on a intérêt à conserver à vie », résume Grégory Leclerc

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L’investisse­ur forestier peut espérer un rendement de 2,5 % par an.
Toucher du bois. L’investisse­ur forestier peut espérer un rendement de 2,5 % par an.

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