« Monde de merde » ?
Pop culture. Le 31 décembre 1993, les abonnés de Canal + découvraient La Classe américaine : un collage zinzin d’extraits d’une cinquantaine de classiques ou de séries B tirés du catalogue Warner, réagencés par les réalisateurs Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette pour former une intrigue à part entière. À l’écran, les stars défilent, redoublés par leurs voix françaises habituelles, au service d’une énigme à la Citizen Kane : pourquoi donc George Abitbol (John Wayne, photo, à g., avec Kirk Douglas), alias l’homme le plus classe du monde, a-t-il dit « monde de merde » avant de mourir ? Ce génial piratage, entre hommage à Hollywood et geste situationniste, a bâti sa légende sous le manteau, en VHS puis sur le Web, comme film précurseur de la culture mashup. Les dialogues, devenus cultes, font l’objet d’un livre, enrichi d’un délire supplémentaire : « Le typographe David Rault m’a proposé le concept d’une édition version Classiques Larousse, nous confie Hazanavicius. Ça, c’était un vrai détournement qui faisait sens ! Un professeur agrégé de lettres a rédigé une notice historique et littéraire, comme dans un vrai livre de la collection, et les auteurs du Burger Quiz m’ont aidé pour les notes de bas de page. Le but est d’ouvrir le livre à n’importe quelle page et de tomber sur une vanne. Un bon bouquin à lire aux toilettes ! » À vos trônes
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« La Classe américaine », de Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette (Allary Editions, 160 p., 10 €). Parution le 28 mai.