Montres : Ellipse royale
Élisabeth II est aussi ponctuelle que fidèle à ses garde-temps.
Ses toilettes, au croisement de l’apparat et de la politique, jouent un rôle clé dans sa fonction de représentation et ses bijoux, attributs du pouvoir par excellence, ont une valeur hautement symbolique : la garde-robe d’Élisabeth II est un instrument de pouvoir. Un détail pourtant reste curieusement à l’écart des exégèses. Comment s’égrainent les heures de celle dont l’emploi du temps est préparé, plus d’un an à l’avance, avec la précision d’un métronome ?
Souvent dissimulées sous un gant, ses montres jouent la carte de la discrétion et de la précision, suisse de préférence. Piaget, Audemars Piguet, Jaeger-LeCoultre… La collection royale offre un aperçu des créations, alliant savoir-faire horloger et joaillier. Parmi toutes ces marques, Patek Philippe, « l’aristocrate de la complication », occuperait une place de choix dans le coeur de la souveraine.
En 1851, les fondateurs de la manufacture genevoise se fixent pour objectif de produire « les meilleurs garde-temps qui soient ». La même année, lors de l’Exposition internationale de Londres, la reine Victoria leur achète un gousset pour le porter en broche. La première d’une longue série de commandes pour elle, comme pour son époux. La maison devient, dans la foulée, la manufacture fétiche des cours européennes. Fidèle à l’institution familiale, la reine Élisabeth II fait l’acquisition de nombreux modèles estampillés Patek, mais ses multiples variantes d’Ellipse d’or trahissent son penchant pour ce parangon d’élégance discrète.
Sortie en 1968, la deuxième collection dans l’ordre d’ancienneté, après la Calatrava de 1932, est un des designs les plus emblématiques. La lunette, à la croisée du cercle et du rectangle, mariée à un cadran en or bleu aux mystérieux reflets, puise ses proportions harmonieuses du nombre d’or. « Parmi les innombrables références du patrimoine, elle fait partie des rares à disposer d’un nom. Privilège dont seules Calatrava, Nautilus, 24 et Aquanaut peuvent aussi se prévaloir depuis la création de Patek Philippe en 1839 », pointe Geoffroy Ader, expert d’Artcurial. Sa forme reconnaissable a été déclinée dans une multitude de variantes, dans diverses tailles et divers métaux, avec des bracelets en cuir ou métalliques. Le boîtier, au profil remarquablement mince, fut le premier à accueillir, en 1977, le calibre 240 extraplat à remontage automatique avec mini-rotor intégré. Le design elliptique fut par la suite intégré à d’autres formes de boîtiers telles que le rectangle ou l’octogone, sans oublier la fusion Nautilus-Ellipse. « Il fut également repris dans de nombreux accessoires, dont des boutons de manchette, des bagues ou des briquets, très recherchés par les collectionneurs », note l’expert. Mais la plus fameuse est une déclinaison de haute joaillerie, propriété de la reine. Une pièce unique, pavée de diamants, montée sur un imposant bracelet de perles, que le public a pu admirer de près lors de la grande exposition Patek Philippe à Londres, en 2015. La ponctualité n’est-elle pas la politesse des rois ?
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