Le Covid-19, la vie et la Bourse

Malgré la crise économique, de nombreuses entreprises voient actuellement leur cours s’envoler.

Il faut avoir un portefeuille boursier rempli d’actions Google, Apple, Facebook, Amazon, Netflix et autre Tesla pour être rassuré par de telles explications. Pour écarter l’idée qu’une gigantesque « bulle Covid » est en train de se former, gonflée par les centaines de milliers de milliards de dollars, d’euros, de yuans et de yens que les États et les banques centrales ont déversés dans le système financier mondial pour faire face à la pandémie et lutter contre la crise économique. Et qu’une partie non négligeable de cet argent, plutôt que d’irriguer l’économie réelle, la consommation et l’investissement, va se loger à Wall Street et sur les autres places boursières.

Aux États-Unis, de nombreux Américains ont trouvé bien plus judicieux d’acheter quelques actions avec le chèque de 1 200 dollars qu’ils ont reçu du gouvernement que de le dépenser en allant faire du shopping. Quant aux investisseurs professionnels, ils profitent de la générosité extrême des banques centrales pour emprunter gratuitement de l’argent et replacer ensuite celui-ci en Bourse. Les taux d’intérêt à 0 % sont d’abord les amis de la finance avant d’être ceux de la croissance.

Et pourtant, tout le monde applaudit, jusque dans les rangs de la gauche radicale, à cette politique de création monétaire illimitée, alors qu’elle constitue une incroyable machine à accroître les inégalités. Depuis le début de l’année, la fortune personnelle de Jeff Bezos, le patron d’Amazon, a augmenté, selon l’agence Bloomberg, de 69 milliards de dollars, celle d’Elon Musk de 47 milliards de dollars. À l’inverse, selon l’ONU, au moins 100 millions de personnes dans le monde devraient tomber cette année, à cause de la crise, dans la pauvreté extrême, avec des revenus inférieurs à 1,90 dollar par jour. On savait déjà que le Covid-19 n’aimait pas les pauvres et frappait en priorité les populations les plus démunies – aux États-Unis, le taux de mortalité chez les Afro-Américains est 3,8 fois plus élevé que chez les Blancs. L’envolée en Bourse des titres Amazon ou Tesla indique en revanche qu’il aime beaucoup les riches

■

La politique de création monétaire illimitée est une incroyable machine à accroître les inégalités.