Tion d’innocence
mineurs » et cité à comparaître, ■ en 2021, pour « apologie » de crimes pédophiles. Malgré le soutien d’Anne Hidalgo, qui voit la cohésion de sa nouvelle équipe voler en éclats, Christophe Girard a immédiatement ôté son écharpe d’adjoint, en publiant un communiqué laconique et définitif : « J’ai 64 ans, une vie de famille épanouie et de nombreux engagements (…). Je n’ai nullement envie de pourrir ma vie plus longtemps et de m’emmerder à me justifier en permanence pour quelque chose qui n’existe pas. » On imagine ce que ce franc-parler a suscité comme envie chez le ministre Darmanin, englué dans ses procédures et ligoté par son statut. « Dans quelle émotion vivons-nous où le droit est piétiné par la rumeur, les amalgames et les soupçons ? » a réagi sur Twitter la maire de Paris, « écoeurée » par le procès intenté à son « ami » au sein de son propre camp.
Peau de chagrin. « La présomption d’innocence est un concept théorique qui n’a aucune application pratique », aimait répéter feu Me Olivier Metzner. Il ne croyait pas si bien dire… Ce principe vieux comme la justice, ou presque – « On ne doit pas condamner quelqu’un sur des soupçons », professait dès 533 l’empereur Justinien (Digeste, livre 48, titre XIX, « Des peines ») –, est source de malentendus permanents. Invoqué à l’article 9 de la Déclaration de 1789, il implique deux notions au fond très différentes. La première relève de la procédure pénale : le fardeau de la preuve incombe à l’accusation – le procureur ou la victime, quand c’est elle qui déclenche l’action publique ; un justiciable n’a pas à prouver qu’il est innocent. Il ne faut pas s’y méprendre : la présomption d’innocence est une peau de chagrin qui se rétrécit chaque fois qu’une nouvelle preuve apparaît au cours de l’enquête. Comme a pu l’écrire Philippe Conte, professeur de droit pénal (Paris-II Panthéon-Assas), « l’innocence présumée n’est pas l’innocence: elle pèsera beaucoup moins, et sa pertinence s’allégera sans cesse davantage avec l’alourdissement éventuel des charges ». Il n’empêche : il n’est pas permis de traiter en condamné celui qui ne l’a pas été définitivement. C’est le deuxième volet du principe,
« Ne pas comprendre le monde dans lequel on vit est une faute politique. » Me Marsigny