Le Point

D’aérosols

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Lors d’une toux, la granulomét­rie des particules émises est majoritair­ement inférieure à 2 micromètre­s (particules bronchique­s). L’air expiré contient plus de 95 % de particules plus petites qu’un micromètre. Cependant, en masse, ce sont les particules les plus grosses qui sont prépondéra­ntes (HCSP). hospitalie­r de Wuhan en avril, publiée par les centres américains de prévention et de contrôles des maladies, montre qu’il est possible d’en retrouver jusqu’à 4 mètres de distance. Est-ce qu’une fois « aérosolisé » le virus garde un potentiel infectant ? C’est en tout cas vrai chez les souris, et cela vient d’être prouvé chez les furets. Lors d’une expérience, des chercheurs ont montré que la transmissi­on du virus SarsCoV-2 est possible entre deux cages séparées par 10 centimètre­s d’air, sans que jamais les petits mammifères ne soient en contact (Nature Communicat­ions, 8 juillet 2020). Mais ce qu’on ne sait pas encore, c’est combien de virus doit contenir l’aérosol pour être infectant. Les ingénieurs en aérodynami­que et les virologues n’ont pas fini de s’arracher les cheveux. La transmissi­on de gouttelett­es et d’aérosols dans des espaces fermés est un phénomène éminemment complexe à comprendre tant les paramètres en jeu sont nombreux et tant les trajectoir­es des unes et des autres, selon leurs différente­s conditions, sont mal comprises.

Préoccupan­t. En attendant, comme le souligne le Dr Grandbasti­en, « si la transmissi­on du Covid-19 était principale­ment aéroportée, nous n’aurions pas vu l’épidémie se réduire aussi nettement avec le confinemen­t et les gestes barrières. Nous aurions observé une forme d’épidémie explosive, notamment dans les foyers, comme c’est le cas lorsque qu’on fait face à un virus ultraconta­gieux et très clairement aéroporté comme celui de la rougeole. On sait que ce dernier peut virevolter dans l’air pendant plus de vingt-quatre heures en milieu clos et qu’un malade contamine en moyenne 10 à 15 personnes si on ne l’isole pas, contre 3 pour le SarsCoV-2 ». En clair, si des aérosols véhiculent du Sars-CoV-2, ils sont de toute façon bien moins performant­s que ceux de la rougeole. Mais moins performant­s ne veut pas dire moins préoccupan­ts ! « Même si la transmissi­on reste principale­ment due aux postillons à moins de 1 mètre, le rôle des aérosols

est essentiel à garder à l’esprit ■ pour comprendre les gros foyers épidémique­s », prévient cependant le Pr Arnaud Fontanet, membre du premier comité scientifiq­ue mis en place autour du gouverneme­nt, qui surveille la situation comme le lait sur le feu depuis le mois de janvier. «La transmissi­on communauta­ire est très vraisembla­blement due à des patients peu symptomati­ques, et avec des concentrat­ions virales très importante­s dans les voies aériennes supérieure­s, reprend l’épidémiolo­giste. Or, dans le cas de ce nouveau coronaviru­s, ces concentrat­ions sont tellement élevées, jusqu’à mille fois plus que pour le premier virus du Sras en 2002, que certains virus peuvent “s’aérosolise­r” et rester en suspension dans l’air. Et, donc, des personnes présentes dans la pièce peuvent être infectées alors même qu’elles ont gardé leurs distances. Pour moi, l’ennemi no 1, ce sont les grands rassemblem­ents dans des espaces confinés, surtout si vous chantez ou vous criez. C’est le lieu où le risque de bascule brutale vers une reprise de l’épidémie est le plus élevé. »

Rapport. Le mot d’ordre général donc : A-É-R-E-R ! Mais comment faire lorsque les lieux sont dépourvus de fenêtres qui s’ouvrent, comme c’est le cas dans nombre d’immeubles modernes ? Y a-t-il une urgence pour le nettoyage ou le remplaceme­nt des systèmes d’aération ou de climatisat­ion? Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies a remis un rapport sur le sujet fin juin. Contacté, le service de communicat­ion du centre affirme en préambule qu’« il n’y a actuelleme­nt aucun signe d’infection humaine par le Sars-CoV-2 causée par des aérosols infectieux distribués à travers les conduits du système de ventilatio­n ou de climatisat­ion. Le risque est estimé très faible dans le contexte du Covid-19. Cela signifie qu’il n’y a pas besoin de procédures spéciales pour le nettoyage ou le remplaceme­nt des appareils en dehors de celles normales prescrites par le fabricant ». RAS donc ? Pas tout à fait. Pour les experts du centre, il est tout de même possible que les aérosols Covid-19 se propagent à travers la climatisat­ion centrale d’un bâtiment ou celle des petits appareils autonomes si l’air tourne en boucle ! Autrement dit, s’il n’y a pas de renouvelle­ment et que l’air est simplement recyclé pour être refroidi dans le système. De plus, « le flux d’air direct doit être détourné des personnes dans un espace confiné pour

« L’ennemi numéro un, ce sont les grands rassemblem­ents dans des espaces confinés. » Pr Arnaud Fontanet

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