Plus de cocaïne dans le ciel d’Amsterdam que de glyphosate dans l’air en France ?
Lancée en juin 2018, une vaste campagne nationale a permis de mesurer, pour la première fois, les taux de pesticides dans l’air français, grâce à l’analyse de plus de 100 000 données collectées sur une cinquantaine de sites, en milieu urbain comme en milieu rural (à plus de 50 mètres des parcelles). Ses résultats, publiés au début de juillet, sont rassurants : sur 75 substances mises en évidence grâce à des appareils d’une extrême précision, 44 « ont des concentrations moyennes annuelles de l’ordre du picogramme par mètre cube (pg/m3) », ce qui représente un millième de milliardième de gramme. Seules 25 substances ont une concentration moyenne supérieure à 0,01 nanogramme/ m3 (soit 0,01 milliardième de gramme).
À titre de comparaison, on trouve plus de cocaïne dans l’air ambiant d’Amsterdam (0,14 ng/m3, selon une étude de 2016) que de glyphosate dans l’air de France (0,039 ng/m3) ! Les quantités mesurées sont tellement infimes, souligne Ohri Yamada, responsable de la ph yto pharmacovigilance àl’ Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qu’elles ne présentent pas de risque sanitaire : « Les substances retrouvées en plus grande quantité ne dépassent pas 0,71 % de la valeur toxicologique de référence, et 1,17 % si l’on prend en compte les mélanges. »
Restent quelques surprises : parmi 32 substances qui feront l’objet d’investigations plus poussées parce qu’elles sont plus dangereuses que les autres, 9 sont déjà interdites ! Le lindane, par exemple, un insecticide banni depuis vingt-deux ans, très persistant, a été trouvé à des taux insignifiants (0,060 ng/m3), mais dans 80 % des prélèvements de métropole. Les seuils toxicologiques étant établis à partir d’effets observés par ingestion, et non par inhalation, les travaux se poursuivent pour les ajuster. Enfin, ces moyennes masquent des disparités locales et saisonnières qu’il faudra étudier : trois substances ont présenté, très localement, des pics de concentration maximaux supérieurs à 100 ng/m3, comme le folpel (concentration mesurée sur le site de l’agglomération de Carcassonne) ou le prosulfocarbe (concentration mesurée sur le site de Pouillé, en Vendée)
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