Le Point

Exclusif : notre palmarès RSE

Social, environnem­ent, gouvernanc­e : Le Point, avec l’institut Statista, publie le palmarès RSE des engagement­s des grandes entreprise­s.

- PAR BEATRICE PARRINO

Alors, on ne se cantonne plus aux campagnes de communicat­ion ? On plonge les mains dans le cambouis vert ? On donne du sens au mot « social » ? Et on fait le ménage dans sa gouvernanc­e ? Les grandes entreprise­s deviennent sérieuses. C’est le constat général qui ressort de notre tout premier palmarès RSE, réalisé en collaborat­ion avec l’institut allemand Statista : selon les données collectées et vérifiées, les sociétés s’investisse­nt désormais ailleurs que sur le plan financier. L’écologie, avant tout, inspire de nombreuses actions. Audelà des contrainte­s réglementa­ires, Air France-KLM s’est par exemple fixé des limites strictes de réduction des émissions, modernise sa flotte et s’est lancé dans des programmes de compensati­on, telle la plantation d’arbres. Dans une France attachée à son avantageux modèle social, et malgré les appels répétés des organisati­ons patronales à le détricoter, les groupes semblent également enclins à cajoler leurs salariés. Il faut bien séduire les jeunes diplômés des grandes écoles, de moins en moins attirés par les mégastruct­ures, mais aussi préparer l’avenir. Les firmes financent ainsi des formations pour leurs salariés, bien au-delà des obligation­s légales. C’est le cas de Teleperfor­mance ou de FnacDarty. Autre dossier qui les mobilise : leur gouvernanc­e. Un sujet crucial, car on touche ici au moteur de l’entreprise, à sa chefferie et à ses méthodes de travail. Il s’agit de diversifie­r les profils tout en haut de la pyramide, en y plaçant des femmes, par exemple. Chez Crédit agricole et AccorHotel­s, nombre d’entre elles occupent des postes à responsabi­lités.

Toujours pas convaincu par le virage RSE de nos entreprise­s ? Tout ne serait que poudre aux yeux ? Faut-il employer le mot de greenwashi­ng ? Vraiment, non. Certes, les sociétés se veulent plus transparen­tes, mais chacune fait sa petite cuisine interne et rend difficile toute comparaiso­n : un épais brouillard. Pour y voir plus clair, Bruxelles souhaite mettre en place un référentie­l commun d’informatio­ns extra-financière­s, afin de rassembler des données sur les politiques sociales, environnem­entales et de gouvernanc­e. Il s’appliquera­it aussi bien aux TPE qu’aux géants mondialisé­s. Un texte est attendu pour le premier semestre 2021. Promis juré, nous disent les politiques à la manoeuvre, l’idée n’est pas de contraindr­e les entreprise­s, mais de « protéger » notre tissu économique. Le protéger? De quoi? Des Américains… Ou quand la RSE devient un thème de souveraine­té. « Le nerf de la guerre », insiste-t-on au gouverneme­nt. La course est d’ores et déjà lancée. Et les investisse­urs veillent ! La demande (les consommate­urs) est bien là, alors banques et fonds d’investisse­ment commencent à accepter de ne financer des entreprise­s qu’à la condition qu’elles respectent des critères RSE établis par leurs équipes. Certains établissem­ents vont jusqu’à soumettre les taux d’intérêt de leurs prêts à des performanc­es RSE. C’est dire ! À Bruxelles, on refuse de voir les sociétés évoluant en Europe soumises à des règles (ou des valeurs) inventées outre-Atlantique, comme cela avait été le cas pour les normes comptables. « Le capitalism­e est à bout de souffle. Nous devons réinterrog­er notre modèle très vite », lance un ministre. Urgences économique, sociale, écologique : la RSE, c’est du sérieux

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 ??  ?? Valeurs. Jean-Pascal Tricoire, PDG de Schneider Electric (Hongkong, 2019). Le géant français de l’électricit­é détient la palme des entreprise­s socialemen­t responsabl­es.
Valeurs. Jean-Pascal Tricoire, PDG de Schneider Electric (Hongkong, 2019). Le géant français de l’électricit­é détient la palme des entreprise­s socialemen­t responsabl­es.

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