Exclusif : notre palmarès RSE
Social, environnement, gouvernance : Le Point, avec l’institut Statista, publie le palmarès RSE des engagements des grandes entreprises.
Alors, on ne se cantonne plus aux campagnes de communication ? On plonge les mains dans le cambouis vert ? On donne du sens au mot « social » ? Et on fait le ménage dans sa gouvernance ? Les grandes entreprises deviennent sérieuses. C’est le constat général qui ressort de notre tout premier palmarès RSE, réalisé en collaboration avec l’institut allemand Statista : selon les données collectées et vérifiées, les sociétés s’investissent désormais ailleurs que sur le plan financier. L’écologie, avant tout, inspire de nombreuses actions. Audelà des contraintes réglementaires, Air France-KLM s’est par exemple fixé des limites strictes de réduction des émissions, modernise sa flotte et s’est lancé dans des programmes de compensation, telle la plantation d’arbres. Dans une France attachée à son avantageux modèle social, et malgré les appels répétés des organisations patronales à le détricoter, les groupes semblent également enclins à cajoler leurs salariés. Il faut bien séduire les jeunes diplômés des grandes écoles, de moins en moins attirés par les mégastructures, mais aussi préparer l’avenir. Les firmes financent ainsi des formations pour leurs salariés, bien au-delà des obligations légales. C’est le cas de Teleperformance ou de FnacDarty. Autre dossier qui les mobilise : leur gouvernance. Un sujet crucial, car on touche ici au moteur de l’entreprise, à sa chefferie et à ses méthodes de travail. Il s’agit de diversifier les profils tout en haut de la pyramide, en y plaçant des femmes, par exemple. Chez Crédit agricole et AccorHotels, nombre d’entre elles occupent des postes à responsabilités.
Toujours pas convaincu par le virage RSE de nos entreprises ? Tout ne serait que poudre aux yeux ? Faut-il employer le mot de greenwashing ? Vraiment, non. Certes, les sociétés se veulent plus transparentes, mais chacune fait sa petite cuisine interne et rend difficile toute comparaison : un épais brouillard. Pour y voir plus clair, Bruxelles souhaite mettre en place un référentiel commun d’informations extra-financières, afin de rassembler des données sur les politiques sociales, environnementales et de gouvernance. Il s’appliquerait aussi bien aux TPE qu’aux géants mondialisés. Un texte est attendu pour le premier semestre 2021. Promis juré, nous disent les politiques à la manoeuvre, l’idée n’est pas de contraindre les entreprises, mais de « protéger » notre tissu économique. Le protéger? De quoi? Des Américains… Ou quand la RSE devient un thème de souveraineté. « Le nerf de la guerre », insiste-t-on au gouvernement. La course est d’ores et déjà lancée. Et les investisseurs veillent ! La demande (les consommateurs) est bien là, alors banques et fonds d’investissement commencent à accepter de ne financer des entreprises qu’à la condition qu’elles respectent des critères RSE établis par leurs équipes. Certains établissements vont jusqu’à soumettre les taux d’intérêt de leurs prêts à des performances RSE. C’est dire ! À Bruxelles, on refuse de voir les sociétés évoluant en Europe soumises à des règles (ou des valeurs) inventées outre-Atlantique, comme cela avait été le cas pour les normes comptables. « Le capitalisme est à bout de souffle. Nous devons réinterroger notre modèle très vite », lance un ministre. Urgences économique, sociale, écologique : la RSE, c’est du sérieux
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