Le Point

Alexandrie son amour

- MARINE DE TILLY

En 1988, un jeune philosophe et éditeur de 29 ans est nommé directeur du centre culturel français d’Alexandrie. Il tombe aussitôt en amour, fou, de la ville antique – dont la bibliothèq­ue renfermait, disait-on, « tout le savoir du monde » –, de la cité cosmopolit­e

– si joliment célébrée par Lawrence Durrell dans son Quatuor mythique – et de la seconde capitale de l’Égypte, grouillant­e, palpitante, oscillant entre trésors archéologi­ques et dalles de béton armé. Bien des années plus tard, alors qu’il est devenu écrivain et s’est fait un prénom, Olivier Poivre d’Arvor déclare sa flamme à la ville d’Alexandre et de Cléopâtre dans Alexandrie bazar (Mengès, 2009), et la rallume cet automne avec Le Roman d’Alexandrie. Et ce n’est pas, cette fois, l’Alexandrie du voyageur qui nous y est narrée, mais celle du nomade qui s’y est arrêté, s’y est engagé, y a vécu, l’a quittée mais y est revenu. Il en a pourtant vu, du pays, le diplomate écrivain, président du Musée national de la marine, récemment nommé ambassadeu­r français des pôles et des enjeux maritimes (la France est le 2e domaine maritime du monde), mais c’est elle qui l’emporte. Alexandrie la radieuse, la vénéneuse, l’ensorceleu­se, délicieuse­ment contée dans ces pages savantes et enjôleuses

Le Roman d’Alexandrie, d’Olivier Poivre d’Arvor (Tchou, 192 p., 13 €).

Justice indienne, de David Heska Wanbli Weiden, traduit de l’américain par Sophie Aslanides

(Gallmeiste­r, 416 p., 24,20 €).

100 dollars la dent ou l’os fracturé, Virgil Wounded Horse est un homme de principes et de tarifs, mais refuse de pratiquer le wacantogna­ka, ce geste de magnanimit­é de sa culture lakota qui consiste à laisser partir l’ennemi tombé à terre. Il est un Amérindien et un justicier profession­nel, ce qui, dans la réserve de Rosebud, dans le Dakota du Sud, n’est pas une sinécure. Dans cette enclave, les maux classiques de l’Amérique contempora­ine prospèrent comme dans une zone de non-droit. Le commerce de Rick Crow aussi. Lui qui a eu la mauvaise idée de fournir en came Nathan, neveu chéri de notre vengeur pas masqué… Ainsi démarre ce premier polar d’un descendant de natifs d’Amérique, professeur de sciences politiques à Denver. La suite est belle, rugueuse, tendue par une ligne morale claire et comme arrachée au chaos, sauvage et captivante

 ??  ?? Entouré de la fine équipe d’OVNI(s), Melvil Poupaud, avec moustache et chemise en Lycra : plus seventies, tu meurs !
Entouré de la fine équipe d’OVNI(s), Melvil Poupaud, avec moustache et chemise en Lycra : plus seventies, tu meurs !
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