Et si la gauche revenait…,
Alors que la gauche caviar n’en finit pas d’expirer, d’autres gauches tentent de sortir la tête de l’eau. Pour elles, l’horizon semble se dégager. Même si la France s’est droitisée, comme l’a montré Jérôme Fourquet, l’auteur de L’Archipel français. Comment appréhender cette éclaircie ? La première interprétation, la plus répandue – notamment à droite et chez les macronistes –, relève du dédain : la gauche bouge, oui, mais, comme d’habitude, dans tous les sens. La deuxième : réduire cette effervescence à une bataille d’ego. Entre Hidalgo, Montebourg, Taubira, Jadot, Cazeneuve, Hamon, cette grande famille ne manque ni de talents ni d’ambitions. Troisième voie, écouter les arguments des uns et des autres. Et, là, ce n’est pas forcément une tempête dans un verre d’eau. Le succès du plaidoyer de Benoît Hamon en faveur du revenu universel aux Éditions des Équateurs est l’un de ces « signaux faibles » qu’il faut scruter. L’annonce d’une vague ? Pour le moment, ça clapote. Mais le baromètre frémit. En s’ancrant à tribord, Emmanuel Macron a créé un appel d’air à bâbord. Certains tentent de profiter de ce vent porteur. Avec son « quoi qu’il en coûte », il a aussi légitimé un discours étatiste, partisan de la dépense publique. Discours très en vogue aussi à droite. Dans un entretien au Point en avril dernier, le président se targuait d’avoir « nationalisé » les salaires. Certains en rêvent encore, même en temps de paix. Si la présidentielle se joue sur les questions de la dette, du remboursement des prêts garantis par l’État et du chômage, la gauche sera audible. Et il paraîtra difficile de juger ses propositions irréalistes alors qu’on les a défendues quelques mois plus tôt. Sur la laïcité et l’islamisme, les yeux d’une partie de la gauche se sont dessillés. L’assassinat de Samuel Paty a réveillé les belles âmes assoupies. Manuel Valls fait des émules. Le PS a adopté des positions sans ambiguïté sur ces sujets. La gauche indigéniste et racialiste ne bénéficie plus d’une lâche bienveillance. Dans l’Éducation nationale et à l’université, la résistance aux obsessions identitaires s’organise. La gauche Charlie pourrait bien se sentir un peu moins seule. Restera à donner une cohérence à cette effervescence. Et à trouver une figure suffisamment rassembleuse pour fédérer tout ce beau monde. Anne Hidalgo part favorite. Petite-fille de républicains espagnols, fille d’ouvrier, écologiste, symbole de la méritocratie républicaine, la maire de Paris a aussi cette énergie vitale indispensable pour conquérir le pouvoir suprême : la niaque. Mais elle ne devra pas seulement se battre contre des moulins à vent ■