Le Point

Une « pensée » en douze points,

- par Pierre-André Taguieff

La « pensée décolonial­e », somme de pseudo-concepts, de clichés, de formules creuses et de cuistrerie­s à la mode constituan­t un catéchisme «antiracist­e» et une nouvelle langue de bois, repose sur douze piliers : a Tout est « constructi­on sociale ». b Tout doit être « déconstrui­t ». c Tout doit être « décolonisé ». d Toutes les « sociétés blanches » sont racistes et tous les « Blancs » bénéficien­t du « privilège blanc ».

e Le racisme, qui est « systémique », est l’héritage de la traite atlantique, du colonialis­me, du capitalism­e et de l’impérialis­me du monde dit « occidental » ou « blanc » (il s’ensuit que, par définition, le « racisme anti-Blancs » ne peut exister).

f «L’hégémonie blanche» va de pair avec l’«hétéro-patriarcat ».

g Le« paradigme de l’ intersecti­on na li té »– construit parles afrofémini­stes états-uniennes pour caractéris­er la situation de personnes qui, appartenan­t à des « minorités », sont censées subir simultaném­ent plusieurs formes de discrimina­tion (de race, de genre, de classe) dans une « société blanche » – permet une approche scientifiq­ue des phénomènes de pouvoir et de domination.

h Tout nationalis­me, y compris le patriotism­e républicai­n à la française, est porteur de racisme, donc de « discrimina­tions systémique­s ».

i Le sionisme, outre le fait qu’il est un colonialis­me et un impérialis­me, est une forme de racisme et de discrimina­tion raciale, et Israël est un « État d’apartheid » qu’il faut démanteler.

j L’« antiracism­e politique » se fonde sur les principes suivants : les races n’existent pas – ce qui n’empêche nullement que les Blancs soient tous racistes (activement ou passivemen­t) –, et, en plus, elles sont toutes égales, sans compter qu’elles sont des « constructi­ons sociales » qui, en tant que telles, sont indispensa­bles pour critiquer le racisme. Il faut donc bien comprendre que, malgré les apparences, il n’est nullement contradict­oire d’affirmer que les races n’existent pas et qu’elles existent. C’est là le dogme fondamenta­l de la « théorie critique de la race », composante de la « théorie décolonial­e ». Un autre dogme doit être bien compris, en dépit de son aspect paradoxal : c’est le racisme qui crée la race, mais c’est l’« usage critique de la race » qui permet de lutter contre le racisme. Ceux qui émettent des doutes sur ces deux dogmes sont des racistes à peine dissimulés.

k Fondé sur la « théorie critique de la race », qui suppose que la « race » est une « constructi­on sociale » et que l’islamophob­ie est un « racisme antimusulm­an », l’« antiracism­e politique » consiste avant tout à lutter contre l’islamophob­ie et la négrophobi­e (en France, on doit y ajouter la rromophobi­e).

l Ce que les « islamophob­es » appellent « l’islamisme » n’existe pas : il n’y a que des musulmans qui souffrent de « discrimina­tions systémique­s». Ceux d’entre eux qui osent courageuse­ment se révolter contre la domination d’un Occident oppresseur et islamophob­e en passant à la lutte armée, et que les Occidentau­x appellent « islamistes », « djihadiste­s » ou « terroriste­s », doivent être considérés eux-mêmes comme des victimes de l’« hégémonie blanche » et du système oppressif qu’elle a mis en place ■

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Historien des idées, politologu­e

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