Universités : « reductio ad Trumpum »
Les détracteurs des études de « genre » ou de « race » sont vite étiquetés « réactionnaires ». Petit guide de survie.
Depuis que la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé vouloir lancer une enquête afin de débusquer les tentations « islamo-gauchistes » à l’université, et que deux enseignants de l’IEP Grenoble ont été dénoncés publiquement comme « islamophobes » et « fascistes » pour avoir interrogé le concept d’islamophobie, les désaccords du monde intellectuel sur le bien-fondé des cultural studies, ces disciplines portant sur le « genre » ou la « race » et les dominations qui y sont associées, ont repris de plus belle.
Une grande partie des chercheurs concernés, qui ne cachent pas leurs préférences partisanes, et certains médias et militants de gauche, ont pris l’habitude de botter en touche face aux questions dérangeantes sur la scientificité de ces disciplines en arguant que ceux qui les critiquent sont des «réactionnaires». C’est ce qu’a fait récemment un collectif d’enseignants du même IEP dans une tribune publiée par Le Monde, ou encore le professeur de philosophie Sandra Laugier dans un texte pour Libération au titre explicite, «Intellectuels de tous les pays, dé-trumpez-vous », où elle établit un lien entre la critique française de ces studies et la détestation de Donald Trump et autres populistes à l’égard de ces champs de recherche.
Donald Trump, Jair Bolsonaro et Viktor Orban ont effectivement usé de leur pouvoir pour faire reculer les disciplines universitaires qui leur déplaisaient : l’ancien président américain a mis fin en 2020 à l’enseignement de la « théorie critique de la race » dans les administrations publiques ; en 2019, le président brésilien réfléchissait à allouer les fonds fédéraux destinés aux sciences sociales à d’autres filières ; et, en 2018, le Premier ministre hongrois bannissait les études de genre de l’université. Pour autant, faire état de cette proximité n’est pas un argument mais une classique reductio ad Hitlerum : la tentative d’invalider