Après les nuages de l’incendie, repenser le cloud
Le 9 mars, OVHcloud, champion français de l’hébergement de données numériques, né à Roubaix en 1999, a été victime d’un incendie géant à Strasbourg. Pas moins de douze mille entreprises et institutions, de Météociel à la mairie de Saverne en passant par le Centre Pompidou, ont, au moins en partie, été empêchées de travailler. « C’est comme si vous aviez confié les clés de votre voiture à quelqu’un, vous n’avez plus la possibilité de la faire démarrer », témoigne Emmanuelle Conrad, créatrice de l’entreprise Numéro 1 Scolarité qui concentrait une grande partie des données de ses clients chez l’hébergeur français. Pour OVHcloud, entreprise de 2 450 personnes qui, le 19 mars, a dû affronter un nouvel incident, ce contrecoup tombe au plus mauvais moment. Pas seulement parce qu’il survient juste avant l’introduction en Bourse prévue d’une des – trop rares – créations d’entreprise réussies par un self-made-man dans l’Hexagone – né en Pologne,
Octave Klaba est arrivé en France à l’âge de 17 ans. Mais parce qu’il s’attaque à une des seules entreprises qui, si elle poursuivait sa croissance, pouvait, sur certains marchés, faire concurrence aux géants mondiaux du cloud, comme Amazon, Microsoft ou Google. Certes, on pourrait regretter l’absence sur le site d’un robot du type Captain DC (voir ci-contre) qui aurait pu, grâce à sa caméra thermique, anticiper un incendie. Mais c’est en fait le fonctionnement complet du cloud français qui, avec cette catastrophe, doit se réinventer. Une solide infrastructure de données soutenue par des commandes publiques, mue par des exigences de sécurité de norme mondiale (comme la redondance, la copie des données à 700 kilomètres de distance) et investissant massivement dans l’innovation est désormais indispensable à une nation pour exister au XXIe siècle
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