Déflagration
« Ah ouais, c’est cool ! » lâche Élise Van Beneden, la patronne d’Anticor, quand elle apprend que l’argent d’Hervé Vinciguerra, qui a fait fortune grâce aux paradis fiscaux, ne pourra pas être tracé (identifié) lorsqu’il investira dans Blast, le site d’investigation fondé par les journalistes Denis Robert et Maxime Renahy, dont elle est l’administratrice. Ce dernier lui fera part de son malaise après lui avoir rendu compte de ses conversations avec le financier. On y apprend notamment que Vinciguerra a investi dans l’info pour promouvoir la candidature… d’Arnaud Montebourg.
Diversion. Plus grave encore : une procédure ouverte au parquet de Dax met en cause la connivence entre un haut magistrat parisien et Anticor dans un but électoraliste. Un collègue d’Éric Alt au tribunal judiciaire de Paris, Serge Mackowiak, 64 ans, ancien procureur adjoint à Paris, aujourd’hui avocat général à la cour d’appel, aurait usé de son influence, de son statut de magistrat et de sa boîte mail professionnelle pour pousser Anticor à agir contre le maire sortant de Capbreton, alors que lui-même… se présentait à l’élection municipale en mars 2020. « Il a saisi Anticor en février 2018, deux ans avant l’élection, et n’avait pas encore décidé de se présenter aux municipales de mars 2020 », affirme Jean-Pierre Versini-Campinchi, son avocat.
Toujours est-il qu’Anticor a bel et bien rédigé un tract et saisi le procureur pour un marché public supposément douteux. Le parquet a classé l’affaire. Mais, aujourd’hui, c’est le magistrat et Jean-Christophe Picard qui font l’objet d’investigations de la police judiciaire de Bordeaux. Anticor conteste le classement sans suite notifié en octobre 2019 et souhaite saisir un juge d’instruction : «Une manoeuvre de diversion, selon Jean-Pierre Steiner, ex-référent local d’Anticor. C’est la présidence d’Anticor qui avait saisi directement le procureur à l’époque sans enquête locale préalable, comme c’est la règle en général. »