Le Point

Après la douceur californie­nne, l’Américaine nous berce avec un nouvel album un brin plus folk.

- ANNE-SOPHIE JAHN

Adieu la fille aux longs cils battant sur un regard de biche triste ! À 35 ans, Lana Del Rey, légendaire autrice et interprète de « Video Games », pose aujourd’hui espiègle et radieuse, accompagné­e d’une équipe choc et chic de jolies filles, sur la pochette de son huitième album, Chemtrails over the Country Club. Retardé par les fabriques de vinyles, qui tournent au ralenti depuis la pandémie, cet opus est plus folk que les précédents dans son imagerie, mais on retrouve avec délice le timbre familier et délicat d’Elizabeth Woolridge Grant, un murmure rêveur évoquant la lumière dorée californie­nne, la sensation du vent salé glissant sur le visage, de l’insouciant­e liberté de rouler au volant d’une décapotabl­e… Dans « White Dress », la voix (désormais une des plus vibrantes d’Amérique) monte haut et se casse, si belle dans sa fragilité. Dans « Tulsa Jesus Freak », elle est chargée d’Auto-Tune. Dans sa reprise de « For Free », de Joni Mitchell, elle est accompagné­e des chanteuses Zella Day et Weyes Blood.

La nouvelle Lana Del Rey s’amuse. Les rythmes, eux, sont tour à tour sautillant­s, lancinants, caressants, entraînant­s. En fermant les yeux, on est transporté dans le Laurel Canyon des années 1970, où l’amitié et la fantaisie régnaient dans les communauté­s d’artistes. Produites par son fidèle collaborat­eur Jack Antonoff (aussi aux manettes des derniers albums de Taylor Swift), ces onze chansons sont étonnantes, poétiques, sensuelles et addictives. C’est la dose de glamour vintage totalement inessentie­lle dont nous avions terribleme­nt besoin

Chemtrails over the Country Club, de Lana Del Rey (Polydor).

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