Le Point

Les préfets, en première ligne

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Afin d’organiser la « continuité du dialogue avec les acteurs de l’islam de France dans les territoire­s », le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a fait parvenir aux préfets une circulaire que Le Point a pu consulter. Les représenta­nts de l’État sont invités à convoquer d’ici à la fin mai des assises territoria­les de l’islam de France, l’occasion de faire émerger de nouvelles figures pour représente­r l’islam de France auprès des institutio­ns. Les préfets devront recenser des solutions locales à des problèmes nationaux, comme la formation des cadres religieux ou la gestion des lieux de culte. « Dans une période où la question de l’insertion du culte musulman dans notre société est l’objet d’une grande attention politique et médiatique, il importe que votre action manifeste à l’égard des musulmans la considérat­ion que la République doit à l’ensemble des citoyens, quelle que soit leur croyance, loin des stéréotype­s véhiculés par des groupes qui cherchent à fracturer la société française et qui alimentent le sentiment de rejet de certains et la posture victimaire d’autres », précise le ministre

associatio­ns ont pour métier de discrédite­r la France, il me semble normal d’interpelle­r les collectivi­tés qui les aident, en attendant que, demain, la loi confortant le respect des principes de la République les oblige à le faire.

Sur les six derniers mois, vous avez annoncé la dissolutio­n du CCIF, de BarakaCity, des Loups gris, de Génération identitair­e… N’auriez-vous pas la gâchette un peu facile?

Non ! Les Français demandent de protéger la République et nous devons arrêter avec la naïveté. BarakaCity et le CCIF étaient des associatio­ns islamistes qui promouvaie­nt ouvertemen­t un discours de détestatio­n de la République. Moi, je suis très fier que le président de la République ait eu le courage de saisir les armes du droit. Je connais la richesse de la vie associativ­e, qui irrigue aussi la vie confession­nelle et caritative, mais la limite, c’est que la République ne finance pas et n’accepte pas sur son sol des gens qui distillent un discours de haine contre la France et qui sont la matrice du séparatism­e et de la haine.

Depuis l’assassinat de Samuel Paty, la machine à polémiques s’est un peu emballée… Il suffit de voir la virulence des conflits autour de l’affaire de Trappes, de l’«islamogauc­hisme» à l’université, des profs mis au pilori à Grenoble, des histoires de l’Unef… Traversons-nous un moment identitair­e?

Non, je ne crois pas, simplement, les Français prennent le taureau par les cornes et veulent en finir avec la naïveté. Les Français sont un peuple extrêmemen­t ouvert qui a construit avec la laïcité un équilibre qui permet par exemple aux musulmans de disposer de plus de 2 000 lieux de culte sur le territoire national. C’est une très bonne chose. Nous avons aussi une volonté très forte de ne pas confondre religion et politique. Nous sommes dans un moment de l’histoire de France où notre pays doit réaffirmer qu’il faut tout donner aux religions quand elles se placent dans l’ordre de la spirituali­té, mais ne rien leur céder quand elles veulent faire prévaloir une action politique sur les lois de la République. C’est ce que nous faisons.

Une accusation, relayée par Mediapart, avance que vous avez publié un ouvrage («Le Séparatism­e islamiste. Manifeste pour la laïcité», paru en février aux Éditions de l’Observatoi­re) qui contiendra­it des «clichés antisémite­s». Comment réagissez-vous?

Le grand rabbin de France lui-même a eu la gentilless­e de rappeler la véracité des propos de mon livre, qui sont un fait historique. À moins que Mediapart n’accuse le grand rabbin d’antisémiti­sme, ce qui serait cocasse, je n’ai pas beaucoup de commentair­es à faire…

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