Terre d’accueil des multinationales
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ne permettrait plus de soutenir ■ son autonomie stratégique et remettrait en cause son statut de membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU. Au plan européen, le déclassement de la France laisse d’ores et déjà l’Allemagne seule en situation d’exercer le leadership de l’Union et de la zone euro. Il renforce aussi la divergence qui se creuse entre les pays du Nord et du Sud et qui, si elle s’amplifie, pourrait remettre en cause l’intégration du continent.
Le déclin de la France ne résulte ni de la loi d’airain du capitalisme mondialisé ni de la construction européenne, comme le montre la réussite de l’Allemagne ou de l’Europe du Nord. Il est le fruit de la démagogie politique, basée sur le déni des réalités du XXIe siècle ; elle a enfermé les Français dans le renoncement pour les transformer en spectateurs de leur chute à travers le culte de la commémo-nation. Pourtant, le déclin n’a rien d’inéluctable; il peut être enrayé par un sursaut national, dont notre histoire, comme nombre de démocraties, montre l’exemple.
Faute d’avoir réussi à conjuguer stabilité des institutions et liberté politique, la France présente un profil heurté depuis 1789, alternant les phases de violents décrochages et de brillants rattrapages. Comme le soulignait le général de Gaulle, elle est le pays qui ne fait des réformes qu’à l’occasion des révolutions : sous l’Empire libéral, à la Belle Époque, au cours des Années folles et surtout durant les Trente Glorieuses. En 1945, la production de la France était inférieure de moitié à son niveau de 1939. La dette de l’État culminait à 1 800 milliards de francs et les investissements nécessaires à son relèvement étaient estimés à 4 900 milliards de francs, soit trois années du revenu national d’avant-guerre. Le chômage était endémique. L’Europe était plongée dans le chaos.
France*
Sortir du déni. Pourtant, le niveau de production de 1938 fut atteint dès 1948 et la croissance du PIB s’éleva à 4,6 % par an entre 1949 et 1969 alors qu’elle avait régressé de 0,3 % par an au cours de la décennie 1930. La raison du miracle est simple: la mise en place d’un nouveau modèle économique et social à travers la planification, les nationalisations, la création de la Sécurité sociale, la mise en oeuvre d’un pilotage keynésien de l’économie, le tout alimenté par les aides du plan Marshall, mais aussi et surtout le réengagement des Français dans la production et le travail – dont la durée effective s’éleva à cinquante-sixheuresparsemaine,mêmesilesquaranteheures furent officiellement maintenues.
Les autres démocraties ne sont pas davantage immunisées contre les trous d’air brutaux. Ce fut le cas du