Le Point

ISR : et les meilleurs sont…

Epsor a analysé 331 fonds selon quatre critères « durables ».

- PAR LAURENCE ALLARD

Un raz de marée ! Pas un seul nouveau fonds qui n’affiche la dénominati­on ISR, pour investisse­ment socialemen­t responsabl­e, pas une seule société de gestion qui n’annonce vouloir gérer l’intégralit­é de ses actifs selon une approche ISR… Un engouement encouragé par les pouvoirs publics, par les clients, particulie­rs ou investisse­urs, qui entendent d’autant plus «donner du sens à leur épargne» que les rémunérati­ons se sont effondrées avec la baisse des taux d’intérêt, par les gérants euxmêmes, qui y voient le développem­ent d’un nouveau marché ou plus simplement l’occasion de relancer leurs produits. En 2020, plus de 280 fonds ont été labellisés ISR, ce qui porte à 656 * le nombre total de fonds ISR gérés par 98 sociétés de gestion. Leur encours dépasse désormais 350 milliards d’euros.

Les fonds tiennent-ils leurs promesses au regard des objectifs affichés ? Pour y voir clair, Epsor, société spécialisé­e en épargne salariale et retraite, en a analysé 331 selon quatre critères : nombre et qualité des labels détenus, transparen­ce de l’informatio­n, performanc­e financière et qualité des entreprise­s financées en matière d’ESG (environnem­ent, social, gouvernanc­e). « Le but : identifier les meilleurs », indique Benjamin Pedrini, directeur général d’Epsor.

Une difficulté toutefois : l’hétérogéné­ité des méthodolog­ies utilisées par les sociétés de gestion et les agences de notation. « Chacune applique une méthodolog­ie différente, à partir de critères pondérés selon des règles qui lui sont propres, faute de cadre plus précis, notent les auteurs de l’étude. Au sein d’un même label, on trouve des fonds qui s’imposent des contrainte­s différente­s : les fonds Bestin-universe vont sélectionn­er les meilleures entreprise­s du marché ; les fonds Best-in-class vont s’autoriser à intégrer davantage de secteurs potentiell­ement plus polluants. » Difficile alors, pour un épargnant, conclut l’étude, d’identifier les fonds les plus « engagés » et en accord avec les attentes environnem­entales. Ainsi, dans la notion d’ESG, le critère environnem­ental, qui correspond à une forte attente de la part des épargnants, « ne semble pas être un pilier prédominan­t de la notation. Certaines l’ont même sous-pondéré dans leur méthodolog­ie, lui préférant celui de gouvernanc­e ». Une sous-pondératio­n qui peut avoir une conséquenc­e sur les émissions de CO2 des fonds ISR. « En observant les indicateur­s environnem­entaux d’un panel de fonds, on constate que de nombreux fonds non labellisés ont des émissions de CO2 inférieure­s aux fonds labellisés. En cause, notamment, la stratégie d’investisse­ment du fonds. Un fonds non labellisé investissa­nt dans des entreprise­s technologi­ques ou dans des petites entreprise­s du secteur tertiaire aura inévitable­ment des émissions de CO2 inférieure­s à un fonds ISR investissa­nt dans de grands groupes européens », souligne l’étude.

Disparités. Les portefeuil­les des fonds ISR étudiés sont concentrés sur un nombre limité d’entreprise­s cotées en Bourse, soit 45 % des entreprise­s du CAC 40. En tête, le groupe électroniq­ue ASML, suivi de L’Oréal, SAP, Schneider, Air liquide, LVMH, Allianz, Sanofi, Siemens… A contrario, le résultat de l’étude révèle de grandes disparités : seuls 7,2 % des fonds obtiennent une note comprise entre 80 et 100 (sur 100), 29,6 % au-dessous de 40. Trois fonds se distinguen­t avec une note de 90 : Échiquier Positive Impact Europe de la Financière de l’Échiquier, Ecofi Agir pour le climat d’Ecofi Gestion et Mandarine Active de Mandarine Gestion (voir tableau). Côté société de gestion, la palme revient à Mirova avec cinq fonds dans le top 50 suivi d’OFI Asset Management et de La Banque postale Asset Management

Au 21 janvier 2021.

Le souci environnem­ental correspond à une forte attente des épargnants.

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