Le Point

Lettre de délation au ministre de la Santé

- PAR SÉBASTIEN LE FOL

Monsieur le Ministre,

Je vous écris une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps. En vous regardant à la télévision, j’ai cru comprendre que vous aviez récupéré certaines prérogativ­es du ministre de l’Intérieur. De nos intérieurs à nous autres Français.

Certes, à l’extérieur, il ne se passe pas grand-chose depuis un an. La police traditionn­elle ne voit pas les faits et gestes des gens chez eux : c’est fort regrettabl­e !

De mes fenêtres, j’assiste chaque jour au triomphe dans l’immeuble en face du mien de l’incivisme et du relâchemen­t. J’observe depuis des semaines la famille H., qui occupe l’appartemen­t du 4e étage. Je n’irai pas par quatre chemins : les H. trahissent la France ! Ils collaboren­t avec le virus.

M. et Mme H., leurs quatre enfants et la dame âgée qui vit à leur domicile foulent la République sanitaire aux pieds. Ils se moquent de notre fière devise « Confiné, Égalité, Santé ».

Tous les soirs, ils dînent à sept (vous rendez-vous compte ? sept !) autour de la même table ! Alors qu’ils devraient servir mamie dans la cuisine. Les Français souffrent, mais les H. font bombance. Je les soupçonne même de faire appel à un chef à domicile. J’ai appelé le commissari­at. En vain.

Je viens de découvrir le subterfuge des H. pour s’affranchir des règles du nouveau confinemen­t : alors qu’ils ne possèdent aucun animal domestique, ils sortent de chez eux avec une laisse à la main !

Les H. s’absentent de longues heures.

Pour qui ? Pour quoi ? Certaineme­nt pas pour se faire vacciner. Leurs doses ne sont pas encore arrivées. Ils musardent, zonent. Vous devriez sanctionne­r tous ces gourous incitant les Français à marcher 10 000 pas par jour. Ou bien verrouille­r les compteurs de pas sur les smartphone­s.

Depuis quelques jours, un phénomène m’intriguait : les H. avaient tiré leurs rideaux. Je ne percevais plus la moindre activité chez eux. Un suicide collectif ? Je me suis renseigné auprès de leur concierge. Le croirez-vous, Monsieur le Ministre ? Ils sont partis pour Londres ! Pas pour s’engager dans la Résistance – les temps ont bien changé –, mais pour profiter des terrasses des pubs qui rouvrent aujourd’hui. Quelle bande de traîtres ! Je tiens à votre dispositio­n le dossier H.

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