Lettre de délation au ministre de la Santé
Monsieur le Ministre,
Je vous écris une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps. En vous regardant à la télévision, j’ai cru comprendre que vous aviez récupéré certaines prérogatives du ministre de l’Intérieur. De nos intérieurs à nous autres Français.
Certes, à l’extérieur, il ne se passe pas grand-chose depuis un an. La police traditionnelle ne voit pas les faits et gestes des gens chez eux : c’est fort regrettable !
De mes fenêtres, j’assiste chaque jour au triomphe dans l’immeuble en face du mien de l’incivisme et du relâchement. J’observe depuis des semaines la famille H., qui occupe l’appartement du 4e étage. Je n’irai pas par quatre chemins : les H. trahissent la France ! Ils collaborent avec le virus.
M. et Mme H., leurs quatre enfants et la dame âgée qui vit à leur domicile foulent la République sanitaire aux pieds. Ils se moquent de notre fière devise « Confiné, Égalité, Santé ».
Tous les soirs, ils dînent à sept (vous rendez-vous compte ? sept !) autour de la même table ! Alors qu’ils devraient servir mamie dans la cuisine. Les Français souffrent, mais les H. font bombance. Je les soupçonne même de faire appel à un chef à domicile. J’ai appelé le commissariat. En vain.
Je viens de découvrir le subterfuge des H. pour s’affranchir des règles du nouveau confinement : alors qu’ils ne possèdent aucun animal domestique, ils sortent de chez eux avec une laisse à la main !
Les H. s’absentent de longues heures.
Pour qui ? Pour quoi ? Certainement pas pour se faire vacciner. Leurs doses ne sont pas encore arrivées. Ils musardent, zonent. Vous devriez sanctionner tous ces gourous incitant les Français à marcher 10 000 pas par jour. Ou bien verrouiller les compteurs de pas sur les smartphones.
Depuis quelques jours, un phénomène m’intriguait : les H. avaient tiré leurs rideaux. Je ne percevais plus la moindre activité chez eux. Un suicide collectif ? Je me suis renseigné auprès de leur concierge. Le croirez-vous, Monsieur le Ministre ? Ils sont partis pour Londres ! Pas pour s’engager dans la Résistance – les temps ont bien changé –, mais pour profiter des terrasses des pubs qui rouvrent aujourd’hui. Quelle bande de traîtres ! Je tiens à votre disposition le dossier H.
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