Le Point

Du colbertism­e en Amérique

On le prenait pour un gentil grand-père, mais, en cent jours, Joe Biden est parti sur les mêmes bases que Roosevelt et son New Deal.

- PAR GÉRARD ARAUD

L’Europe dans tout cela ? Une vieille amie, qui s’est sentie mal-aimée sous Trump, qu’on rassure en réaffirman­t l’engagement américain dans l’Otan et dont on attend le soutien face à la Chine, et une alliée, dont une superpuiss­ance, plus économe de ses moyens, ne prendra pas en charge toutes les préoccupat­ions de sécurité de l’Ukraine au Sahel en passant par la Syrie. Cependant existe le risque que les relations cordiales entre les deux rives de l’Atlantique souffrent des tensions commercial­es au moment où l’administra­tion emboîte le pas à Trump dans la voie du protection­nisme. Les droits de douane que celui-ci avait imposés n’ont été que suspendus et dépendent d’une négociatio­n euro-américaine qui ne s’annonce pas facile.

Quant à la Russie, Washington la tiendra à bout de gaffe dans la conviction qu’aucune coopératio­n n’est possible avec un Poutine qui a eu la très mauvaise idée de s’ingérer dans l’élection présidenti­elle américaine en 2016 et 2020. Obama avait tenté un rapprochem­ent qui avait échoué ; Biden ne s’y essaiera même pas. La relation, aujourd’hui glaciale, le restera.

Nous ne nous y attendions pas mais les États-Unis, avec leur infatigabl­e dynamisme, tentent de se réinventer à l’intérieur mais aussi à l’extérieur. Nul ne pense que ce sera facile : les tensions raciales sont plus fortes que jamais de Minneapoli­s à Chicago jusqu’à la frontière mexicaine ; tandis que Trump repart à l’offensive… Cela étant, que les États-Unis parviennen­t ou pas à trouver un nouvel élan, nous, les Européens, en ressentiro­ns les conséquenc­es. Il nous faut donc redéfinir une relation transatlan­tique qui, loin de la nostalgie que certains nourrissen­t pour le leadership américain, rapproche, sur un pied d’égalité, deux partenaire­s qui partagent, pour l’essentiel, la même vision de la société et de l’économie et font face aux mêmes crises. L’imaginatio­n est au pouvoir à Washington ; aux Européens d’en retrouver le chemin

Pas de grand dessein à la Kissinger, pas de gendarme du monde, mais la défense des intérêts essentiels du pays et d’eux seuls.

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