Le Point

Le silence scélérat de la Chine

En interdisan­t toute enquête internatio­nale sérieuse, Pékin accrédite l’idée qu’il a des choses à cacher sur l’origine de la pandémie.

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C’est la question scientifiq­ue la plus grave du moment. Il est choquant qu’on ne sache toujours rien, ou si peu, sur l’apparition du Covid-19. Dans les dix-huit mois écoulés depuis le décès de ses premières victimes en décembre 2019 à Wuhan, le virus a tué officielle­ment 3,5 millions d’êtres humains – et sans doute deux à trois fois plus, d’après l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS). Il a bouleversé la vie de milliards de personnes. Mais, en raison du blocage de la Chine, aucune enquête internatio­nale sérieuse n’a pu être menée sur son origine.

L’hypothèse privilégié­e dès le départ par nombre de scientifiq­ues – un coronaviru­s de chauve-souris transmis à l’homme via un autre mammifère – n’a toujours pas été prouvée. L’hôte intermédia­ire – vison, cochon, pangolin, autre animal ? – n’a pas pu être déterminé. Ce n’est pourtant pas par défaut de compétence. Les plus grands spécialist­es mondiaux des coronaviru­s de chauve-souris sont chinois et travaillen­t, justement, à Wuhan. Où est leur rapport détaillant les causes de la pandémie ? S’il a été écrit, comme on peut l’imaginer, il est resté secret.

L’absence persistant­e d’éléments étayant la piste de la transmissi­on zoonotique relance la seconde hypothèse, celle d’un accident de laboratoir­e. Cette théorie a longtemps été jugée « conspirati­onniste » par beaucoup, notamment parce que Donald Trump l’a relayée quand il était à la Maison-Blanche. Elle est pourtant loin d’être farfelue, car à Wuhan se trouvent des centres de recherche sur les coronaviru­s de chauve-souris. Le président américain Joe Biden a demandé, le 26 mai, à ses services de renseignem­ent d’éclairer sa lanterne, après des informatio­ns indiquant qu’en novembre 2019, soit un mois avant le premier cas connu, trois employés de l’Institut de virologie de Wuhan auraient été hospitalis­és avec les symptômes du Covid-19.

La Chine exclut abruptemen­t toute possibilit­é d’une fuite accidentel­le d’un institut de recherche. Elle interdit la consultati­on des registres de sécurité des laboratoir­es et des archives des travaux menés sur les coronaviru­s. Elle refuse de communique­r les données brutes sur les premières victimes de l’épidémie. Elle tente d’enfumer le monde avec une théorie fantaisist­e sur le virus, qui aurait été diffusé dans de la nourriture surgelée. Bref, si elle avait quelque chose à cacher, elle ne se comportera­it pas autrement. La mission envoyée par l’OMS à Wuhan en début d’année s’est heurtée à tellement d’obstacles qu’elle n’a pu que reprendre les thèses des officiels chinois, qui ont tenu la plume du compte rendu. Sur 313 pages, le rapport de la mission n’en consacre que quatre à l’hypothèse de la fuite de laboratoir­e, pour la réfuter. Même le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesu­s, pourtant si conciliant avec Pékin, a pris ses distances avec ce texte et réclamé des investigat­ions complément­aires.

Le refus de la transparen­ce est un signe distinctif du Parti communiste chinois (PCC). Le parti-État, fidèle à sa tradition

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Le gouverneme­nt s’attaqua à la réforme des ronds-points.

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