Par Pierre-Antoine Delhommais
« le premier centre financier mondial de
L’idée de pouvoir gagner des sous tout en contribuant au bien-être de l’humanité est en soi assez séduisante et, d’ailleurs, elle séduit. Selon les données du GINN, la finance à impact représentait en 2020 dans le monde 715 milliards de dollars et plus de 1 500 acteurs disaient la pratiquer, en grande majorité aux États-Unis. Son développement est toutefois freiné par les contours très flous de sa définition comme par le manque d’outils permettant de mesurer de façon précise et objective le degré de positivité de tel ou tel investissement.
Ce qui est d’ailleurs aussi le cas des très à la mode fonds labellisés « ISR » (investissement socialement responsable), dont l’encours atteint en France 212 milliards d’euros, soit 5,8 % de l’épargne financière des ménages. Dans un rapport récemment publié, l’Inspection générale des finances porte un jugement très critique sur ce label créé par l’État français en 2016, estimant qu’« il fait à l’épargnant une promesse confuse » et ne permet pas « de garantir un fléchage effectif des financements vers des activités relevant d’un modèle économique durable ». C’est ainsi que de nombreux fonds de gestion estampillés « ISR » possèdent dans leur portefeuille des actions de compagnies pétrolières.
Tout entière pétrie d’intentions louables, la finance à impact offre aux gérants comme aux épargnants une bonne conscience à peu de frais, tout en relayant une vision dichotomique et un brin simpliste de l’économie, avec d’un côté des investissements dans des entreprises pures et vertueuses, de l’autre dans des entreprises viciées et nuisibles. Les géants de l’industrie pharmaceutique sont traditionnellement classés par les bien-pensants de la gestion dans cette deuxième catégorie, alors même qu’ils ont sauvé des millions de vies avec les vaccins anti-Covid.
Il est en tout cas amusant de voir le gouvernement français vanter le grand esprit de responsabilité de ceux qui pratiquent la finance à impact, au moment où lui-même vient de porter l’endettement du pays à un niveau extravagant, au risque de provoquer une crise financière et économique majeure
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