Le programme Fillon aux oubliettes
Si proche, si loin. En 2016, lors de la primaire de la droite, les électeurs avaient plébiscité la ligne très conservatrice de François Fillon contre celle, plus modérée, d’Alain Juppé ou encore celle de Nicolas Sarkozy.
Le candidat qui avait remporté le scrutin face à ses deux principaux concurrents préconisait un programme drastique de réduction des dépenses publiques sur cinq ans de 100 milliards d’euros. Une cure qui devait s’accompagner de la suppression de 500 000 postes dans la fonction publique, soit un peu moins de 10 % des effectifs. À elle seule, l’Assurancemaladie devait supporter 20 milliards de coupes. Cela supposait une progression des dépenses de santé inférieure à 2 % par an, bien au-dessous des 2,5 % atteints en 2019. Quant aux allocations chômage, elles devaient devenir dégressives dans le temps. Sur les retraites, l’ancien candidat de la droite proposait de repousser l’âge légal de départ de 62 à 65 ans. Et la référence aux 35 heures dans le Code du travail devait être abandonnée…
Avec la crise du Covid, ce genre de programme n’est évidemment plus d’actualité. Désormais, LR n’ose plus afficher de chiffre de suppression de postes dans la fonction publique, même s’il assume vouloir s’attaquer au statut de la fonction publique. À l’époque, le candidat qui avait le plus séduit l’électorat de droite misait sur un choc fiscal pour faire repartir la croissance, avec 50 milliards d’euros de baisses d’impôts, essentiellement centrées sur les entreprises, et en partie financées par une augmentation de 2 points de la TVA. La priorité est aujourd’hui à l’augmentation du pouvoir d’achat avec une division par deux de la CSG pour augmenter les salaires
de 5 %, sauf les plus élevés. Ce qui devrait coûter la bagatelle de 34 milliards d’euros par an.
Pour autant, LR n’a pas abandonné sa ligne pro-entreprises. À ce stade, le parti propose de diminuer les cotisations patronales de 25 milliards sur l’ensemble des salaires pour faire baisser le coût du travail. Le parti dirigé par Christian Jacob prône toujours de repousser l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Le temps de travail des fonctionnaires serait aligné sur le privé. Il mise également toujours sur la lutte contre la fraude fiscale et sociale, ainsi que sur une politique stricte de lutte contre l’immigration, dans la droite ligne de François Fillon. En revanche, la réduction du déficit public n’est plus du tout une priorité. Les Républicains semblent eux aussi convertis à l’argent magique, tant leurs promesses de baisses d’impôts excèdent leurs mesures d’économies sur la dépense
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