Et pourtant, il y a des idées…
La droite peine à bâtir un projet. Elle pourrait s’inspirer des travaux produits par certains think tanks.
«Tout arrive par les idées, elles produisent les faits, qui ne leur servent que d’enveloppe», a écrit Chateaubriand. Il faut croire que la droite française a oublié la conviction de son illustre ancêtre. Des personnalités de cette mouvance s’activent certes pour ébaucher des programmes en vue de la prochaine élection présidentielle, mais rien de majeur ne s’en dégage. Une analyse que partagent la plupart des grands think tanks ou «laboratoires d’idées» français, souvent sollicités par des responsables politiques, et auxquels nous nous sommes adressés.
«Depuis 2012, l’UMP puis LR n’ont pas construit de projet », estime Dominique Reynié, directeur général de la Fondapol. «Mon constat est celui d’une immense pauvreté intellectuelle de LR », avance Erwan Le Noan, consultant et membre du conseil scientifique du même organisme. «Si l’on attend des idées nouvelles, on sera déçu », renchérit Maxime Sbaihi, directeur général de GenerationLibre (GL). On remarque bien quelques propositions, comme la baisse des impôts de production, la réforme des institutions et celle de la décentralisation, mais, poursuit Le Noan, « elles ne marquent pas les esprits car LR ne sait pas les rendre cohérentes. Cela bouillonne en surface, mais en bas c’est bien gelé ! »
À quoi ressemble ce bouillonnement ? Chacun travaille de son côté, en dehors du parti, soit qu’il n’ait pas confiance en celui-ci, soit qu’il ne partage pas ses orientations : Xavier Bertrand s’appuie sur un groupe informel mais structuré fondé en 2012, La Manufacture. Valérie Pécresse a son propre mouvement,
« Ils habitent un monde encore plus apeuré que celui de leurs concitoyens. » Dominique Reynié