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Cette année, chercheurs et praticiens ont phosphoré sur la flexibilité de notre matière grise…
Saviez-vous que les crises mimaient un mécanisme cognitif propre à la création et stimulaient, à ce titre, notre inventivité ? Éminemment flexible et doté d’un puissant élan vital, notre cerveau est capable de tout. À commencer par s’adapter aux bouleversements induits par l’épidémie de Covid-19 puis à rebondir, triomphant, au terme de celle-ci.
Près de 40 neuroscientifiques, psychiatres et intellectuels se sont réunis au Centre universitaire méditerranéen de Nice, les 28 et 29 mai, pour la sixième édition de notre forum Neuroplanète organisé en collaboration avec la ville de Nice et la métropole Nice Côte d’Azur, présidée par Christian Estrosi. Ils ont mis en lumière les pièges que la crise a tendus à notre cerveau, identifié les ressources dont il a su faire preuve et partagé leurs secrets pour en faire notre allié, dans le calme et la tempête.
Ainsi, le psychiatre, psychanalyste et membre de l’Académie des technologies Serge Tisseron a alerté sur les écrans, ces « redoutables amis » que les confinements ont placés, malgré nous, au coeur de nos vies. Et prodigué ses conseils pour limiter, de nouveau, l’usage de ces objets « aussi attractifs pour notre cerveau que les produits trop gras ou trop sucrés », qui nous font perdre « le goût pour la mesure ».
Un rééquilibrage salutaire, particulièrement pour les plus jeunes, dont l’éducation « modèle le cerveau » et dans laquelle le « droit à l’erreur » joue un rôle clé, comme l’a décrypté, pour nous, Stanislas Dehaene, professeur de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France et directeur de
l’unité mixte Inserm-CEA de neuro-imagerie cognitive, les signaux d’erreurs et leur parcours dans nos synapses étant « absolument cruciaux pour les apprentissages » comme pour la créativité.
Des enjeux qui dépassent le cadre personnel. « La banque du sang est née de la Seconde Guerre mondiale », a ainsi rappelé le professeur à Mines ParisTech-Université PSL Armand Hatchuel, faisant un parallèle avec le vaccin contre le Covid-19. L’éminent spécialiste a évoqué combien les grandes guerres et catastrophes naturelles stimulaient notre imagination collective.
Un mécanisme cérébral de l’idée vulgarisé par Anaëlle Camarda, post-doctorante à l’Institut de recherche en sciences psychologiques de Louvain, qui s’entretient. En musclant son corps, « allié direct de notre cerveau », comme nous y a encouragés le champion du monde d’athlétisme, Stéphane Diagana ; le mouvement stimulant la matière grise et pouvant même prévenir certaines maladies neurodégénératives. Mais aussi en «mangeant ce que l’on désire» ; ravissement scientifiquement validé par Carole Rovère, chargée de recherche Inserm à l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (IPMC), unité mixte CNRS-Université Côte d’Azur, pour qui le plaisir et l’« émotion » doivent prévaloir sur tout ascétisme.
Effets réversibles. Une émotion à laquelle nous répondons, déjà, « in utero », et qui possède jusqu’au pouvoir de « modifier l’expression de nos gènes », a expliqué au public de notre forum le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, développant combien l’environnement jouait un rôle majeur sur notre cerveau, sans que, toutefois, cela soit jamais définitif. Et démontrant, de fait, que les effets de la pandémie, qui ont ébranlé chacun d’entre nous et même aggravé certains troubles psychiatriques, sont réversibles. Puisqu’on vous dit que notre cerveau sait aussi rebondir !
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