Divines divas !
À l’Institut du monde arabe, les grandes chanteuses orientales ressuscitent. Au programme, rythme, romanesque, et émancipation féminine. Nostalgie, ou anticipation ?
Danseuses, chanteuses, actrices, on a souvent gardé d’elles l’image de voluptueuses houris d’autant plus idolâtrées que la distance créait une frustration. Sans doute les composants d’une usine à rêves se retrouvèrent-ils dans le Cinecittà égyptien, dont les débuts furent particulièrement toniques, effrontés et libérateurs. En scène, des patriciennes émancipées des années 1920 répudiaient le voile et les gynécées, garçonnes de Zamalek versant des liqueurs morandiennes dans leur théière argentée. Des silhouettes de torpédos s’estampaient sur les voiles latines des felouques immémoriales. Si des nanties occidentalisées donnaient le ton, l’ancrage populaire ne tarda pas à suivre, porté par des rengaines de phonographe et des écrans dorés. Se pourrait-il qu’un Women’s Lib ait existé sous le règne de Farouk ?
Panarabisme flamboyant. Co-commissaire de l’exposition, Élodie Bouffard commente: « Au temps des Années folles, on a vu au Caire des salonnières féministes éditant leurs revues en français, selon l’esprit de la Nahda, la renaissance arabe, avec la multiplication de cabarets et de salles de cinéma par centaines, tandis que les voix sorties de la TSF remplaçaient celles des conteurs. » Elle ajoute : «Le format 78-tours commandait alors une esthétique musicale brève et métissée, avec des tangos égyptiens et des rumbas arabisantes, ce qui conduisit dès 1932 à l’invention de la comédie musicale à l’orientale, dans des studios dont certains furent
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