Le Point

Droit au coeur

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Ne vous fiez pas à ces sautillant­es cordes disco et à ces claviers cadencés. Il y a toujours de la gravité sous l’allégresse des chansons de Luciani. Fine plume, elle la trempe cette fois dans son coeur pour esquisser ces onze textes poétiques et imagés sur l’amour qui fait mal, les nuits sans lendemain, les rêves de plaisir et les fantasmes passionnés. De sa voix grave, elle nous entraîne sur un dancefloor où scintillen­t, sous la boule a facettes, l’âme de Michel Berger et celle de Donna Summer. Produit par Sage, Breakbot et Pierrick Devin, Coeur est la bandeson de notre liberté retrouvée.

Pizza et chambres d’hôtel

L’occasion de retracer avec Clara Luciani le chemin parcouru depuis Martigues, la petite Venise provençale où elle est née : « Après un an d’études d’histoire de l’art, j’ai dit à mes parents que je montais à la capitale pour faire de la musique. Ils étaient terrifiés : ils n’ont pas tellement d’argent et c’était un choix risqué. » Sa soeur aînée chante (elle lui inspirera la chanson «Ma soeur»), son père collection­ne les guitares, mais c’est tout. « Je n’avais làbas qu’une cousine danseuse au Crazy Horse qui vivait à Maisons-Alfort : Zula Zazou, vous la connaissez ? » On secoue la tête. « J’imaginais que je serais musicienne et que je passerais mes journées à écrire au Flore. C’était pas vraiment ça : j’avais trouvé une chambre de bonne dans le 17e et j’ai fait tous les métiers possibles – vendeuse chez Zara, hôtesse d’accueil, pizzaiolo… Et puis j’ai rencontré la femme. » Comprenez La Femme, le sextet le plus sexy du rock français. « J’avais 19 ans, je n’étais pas très sûre de moi. Et même tellement timide que j’ai simulé une angine pour ne pas chanter devant eux. Ils m’ont dit alors : “Tant pis pour toi, tu regrettera­s quand tu entendras la chanson à la radio !” » La réplique la pique. « Ça m’a donné le courage de rejoindre le groupe. On est partis en tournée en Angleterre, payés 20 pounds par concert. Sur scène, on demandait si on pouvait dormir chez quelqu’un du public le soir. Je dormais parfois dans la baignoire», ajoute-t-elle et, devant notre incrédulit­é : « On n’avait rien. Quand les

« Girl boss », mais pas la grosse tête

« “La Grenade” a mis un an à passer à la radio, et encore, sur les petites radios avant les grandes, donc je n’ai pas eu le vertige. » Et on la croit. Sympathiqu­e, belle, mais normale, comme dirait un ex-président. « Au début, c’était un peu difficile de rentrer dans le Sud et de voir le change

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