Le Point

Il ne parle jamais. Le fils de San-Antonio a pourtant accepté de faire une exception pour le hors-série dédié à l’oeuvre de son père, Frédéric Dard.

- PAR JÉRÔME BÉGLÉ ET JULIE MALAURE

«Je n’ai rien à vendre, mais je suis honoré que l’on pense à mon père cent ans après sa naissance. Normalemen­t, je décline ce genre d’interview, mais là, pour vous, pour Le Point, je vais accepter. » Un après-midi de mars, Patrice Dard est venu au journal pour parler de son père, de lui-même, de sa famille, de l’écriture et de San-Antonio. Un personnage connu dans le monde entier et qui fut le héros de 204 livres : 174 écrits par Frédéric Dard et 30 autres par lui, Patrice, né à Lyon en 1944. À 76 ans, il a déjà rédigé plus de 120 ouvrages, des livres de cuisine, des « Vic St Val », des « San-Antonio » à la mort de son père, des bandes dessinées et des « vrais romans » sous pseudonyme­s. « C’est un peu pour cela que je ne veux pas jouer aux anciens combattant­s en remuant des souvenirs qui parleront à peu de gens », affirme-t-il. Pourtant, le voici qui ouvre la boîte à souvenirs…

Le Point: Vous avez arrêté d’écrire les «San-Antonio» en 2016 avec

Patrice Dard : Pourquoi?

Dans cet ultime livre, le 28e pour moi, je reviens aux sources du personnage. Je n’avais pas pensé en écrivant les premières pages que ce serait le dernier, mais c’est venu chemin faisant. Entre autres raisons, j’aspirais à une retraite bien méritée. J’avais vu mon père travailler comme un forçat, à en crever, jusqu’à ses 78 ans. Il était dans une fuite en avant de besoin de fric. Un livre à peine achevé, il en commençait un autre. Je ne voulais pas suivre cet exemple.

Les premiers livres que vous avez écrits sous votre vrai nom furent des ouvrages de cuisine. Était-ce pour éviter toute comparaiso­n avec votre père?

Oui. La cuisine était l’un des seuls domaines qui m’étaient autorisés et où il n’existait pas de concurrenc­e. Ces ouvrages étaient mon espace de liberté. Mon père était lyonnais, plus gourmand que gourmet, alors que j’ai très vite été passionné par toutes les cuisines du monde. J’étais assez aventureux sur ce sujet.

 ??  ?? Monument. Patrice Dard et son père, « infiniment aimant », en mars 1979. Le créateur du flic aux 204 aventures truculente­s, devenu culte, aurait eu 100 ans cette année.
Monument. Patrice Dard et son père, « infiniment aimant », en mars 1979. Le créateur du flic aux 204 aventures truculente­s, devenu culte, aurait eu 100 ans cette année.

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