Lettre aux Mélenchonlâtres
Quel soulagement d’entendre enfin votre indignation face à Jean-Luc Mélenchon, vous qui avez longtemps été si complaisants envers lui. Vous le regardiez franchir les lignes jaunes avec des lunettes roses. On pardonnait tout à cet esprit lettré. C’est bien parce qu’il maîtrise les mots que sa dernière sortie est intolérable. La « stratégie » a bon dos et ne saurait l’absoudre. Ce dimanche, devant les journalistes de France Inter, du Monde et de France Info dans Questions politiques, le patron de La France insoumise s’en est encore pris au système, à l’oligarchie. Mais cette fois, il est monté d’un cran dans l’abjection.
« Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre », a-t-il lancé. Ah ? Avait-il des informations, Mélenchon ? « Cela a été Merah en 2012… »
Il a cité deux autres exemples, l’attentat sur les Champs-Élysées en 2017 et l’affaire « Papy Voise », en 2012, du nom de ce retraité dont la maison avait été incendiée. Mais revenons à Merah, puisqu’il a enfoncé le clou. « Nous aurons l’événement gravissime qui va, une fois de plus, permettre de montrer du doigt les musulmans et d’inventer une guerre civile. » Merah ? Oui, on a bien entendu le nom du terroriste qui a tué les militaires Imad Ibn Ziaten, Mohamed Farah Chamse-Dine Legouad et Abel Chennouf, l’enseignant Jonathan Sandler et ses enfants Arié et Gabriel. Et dans la cour de cette même école, la petite Myriam Monsonego, 8 ans, mise à terre et tuée dans la tempe à bout portant… Ce Merah-là serait donc, selon M. Mélenchon, une créature de l’oligarchie islamophobe. Ces propos hallucinants et hallucinés ont réveillé la gauche. Tout ce que la France compte d’éditorialistes progressistes et de médias indignés ont lancé un appel solennel à manifester dans toute la France contre cette « ignominie ». Le Parti socialiste et Europe Écologie ont annoncé à l’aube la rupture immédiate de leurs accords électoraux avec La France insoumise et exhorté leurs sympathisants à « faire barrage » à cette formation politique. Nous n’en croyions pas nos oreilles. Avec raison : tout cela n’était qu’un rêve. Le tribun a allumé un de ces contre-feux dont il a le secret. Des égouts de YouTube, il a remonté une abjecte vidéo d’extrême droite appelant au meurtre. « Vous êtes soulevés de dégoût et d’effroi », a-t-il pris à témoin l’opinion. Avant de mettre en garde
« contre la violence verbale ». Charité bien ordonnée commence par soi-même…
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