« Nous devons viser plus loin que les licornes, place aux scale-up »
Vous avez aimé les licornes, ces entreprises technologiques non cotées valorisées plus de 1 milliard d’euros ? Vous allez adorer les scale-up, ces sociétés toujours issues de la nouvelle économie et valorisées plus de 100 millliards ! C’est en tout cas le désir de Cédric O, secrétaire d’État à la Transition numérique, qui, six mois avant la présidence française de l’Union européenne, souhaite la création de champions européens capables de donner au Vieux Continent les moyens de rivaliser avec les États-Unis et la Chine. Interview à retrouver en intégralité sur lepoint.fr.
Le Point: Les investissements accélèrent-ils vraiment en France ? Cédric O:
Fin 2017, il n’y avait en France que trois licornes. Elles sont désormais 15 sur notre territoire. Les 25 que nous pensions avoir en 2025, nous y arriverons d’ici à 2023.
Vous citez souvent l’entreprise de gestion de droits musicaux Believe…
Oui, elle fait partie, tout comme la pépite de la blockchain Ledger ou Back Market, de ces nouveaux champions nés sur notre territoire. Nous devons maintenant viser beaucoup plus loin que les licornes, place aux scale-up !
Pourquoi le capital-risque n’est-il pas aussi important en France que dans la Silicon Valley?
Nous sommes dans une aberration, où l’on voit le surcroît d’épargne européen financer pour partie l’économie américaine. Certes, les assureurs français, comme Amundi ou Axa, ont, via un premier engagement de 6 milliards d’euros, commencé à investir dans la technologie française. Mais il faut aller plus loin.
Inversement, nos champions recourent aux capitaux étrangers.
Si vous regardez l’histoire de la tech américaine, elle est très largement financée par l’argent européen, moyen-oriental ou encore asiatique. Le modèle que l’on doit viser est le modèle israélien. Personne n’apprendra aux Israéliens ce qu’est la souveraineté. Pourtant, 90 % des fonds investis en Israël sont des fonds étrangers. La France doit attirer autant d’investissement par habitant que le fait Israël. Si on fait cela…
… on crèvera le plafond !
On est déjà en train de crever le plafond. Mais il ne faut pas s’arrêter. Si on n’avait pas eu Doctolib, on n’aurait pas réussi aussi bien la télémédecine ni les rendez-vous de vaccination.
C’est aussi grâce au créateur de CovidTracker, Guillaume Rozier, qui vient d’être félicité par Tim Cook.
Oui. Ou encore au service de paiement Lydia, que l’on utilise dans la vie de tous les jours. Ces champions français font partie de notre quotidien.
Tout ne passe donc pas par la régulation ?
C’est très bien d’avoir le RGPD, mais il nous faut des champions industriels, comme le néerlandais Adyen, le suédois Spotify, le français Dassault Systèmes, ou encore l’allemand SAP. La souveraineté de l’Europe dépendra de sa souveraineté industrielle
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