Terres agricoles, vignobles, forêts : des prix toujours en hausse
La pandémie n’aura eu que peu d’impacts. Au contraire, elle a généré une hausse de la demande et donc des prix des matières premières agricoles. « Pour sécuriser leurs stocks alimentaires, la Chine et les grands pays importateurs ont fortement augmenté leurs achats de céréales », constate Benoît Léchenault, directeur d’Agrifrance (BNP Paribas Wealth Management). Ainsi, le prix du blé a progressé de plus de 20 % depuis un an, celui du maïs de 25 %, du colza de 10 %… Résultat, le prix moyen des terres agricoles libres a augmenté, pour s’établir à 6 000 euros l’hectare :
8 110 euros (+ 3 %) l’hectare pour les terres céréalières et 5 100 euros (+ 1,6 %) pour les prairies. Avec de gros écarts selon les régions : les terres céréalières dans le Nord-Pasde-Calais, le Santerre, la Champagne crayeuse, le Saint-Quentinois s’échangent à plus de
20 000 euros l’hectare, contre moins de 3 000 euros en Mayenne, dans une partie de la Côte-d’Or ou de la Nièvre. S’y ajoute pour les bailleurs un rendement de 3,1 % par an. Un taux non négligeable dans l’environnement actuel. « Nous n’avons pas d’inquiétude quant à l’avenir, tant les prix sont bas au regard de ceux pratiqués par nos voisins », estime Benoît Léchenault. En Allemagne, relève l’étude d’Agrifrance, le prix moyen est quasiment quatre fois plus élevé, en Belgique, six fois plus… (Voir tableau.) Tensions commerciales avec les États-Unis, ralentissement des achats chinois… Avant même le Covid-19, la filière vin était en souffrance. Sur ce contexte tendu sont venus se greffer la chute des exportations (- 18 % entre janvier et août 2020) et le changement des habitudes de consommation avec la fermeture des restaurants. Une situation exceptionnelle qui n’a pas pesé sur les prix des vignobles. En 2020, selon Agrifrance, ils ont continué de progresser de 3 à 5 % dans les principales régions. Avec la montée en gamme de ses vins, l’Anjou décolle pour atteindre un prix moyen de 16 570 euros l’hectare et, pour ses meilleures terres, 21 730 euros. Bonne performance aussi pour le Beaujolais, dont l’hectare se commercialise aujourd’hui au-dessus de 120 000 euros. « Les appellations haut de gamme dans le Bordelais ou en Bourgogne profitent, elles, toujours de l’effet rareté », constate Benoît Léchenault. Peu d’offres également sur le marché des forêts – moins de 2 % du marché change de main chaque année – et une décorrélation, comme pour le vin, entre le prix du bois orienté à la baisse et le prix des surfaces qui continue d’augmenter. En 2020, ce dernier a atteint 4 280 euros l’hectare en moyenne
(+ 2,3 % par rapport à 2019) et 12 579 euros pour les plus belles parcelles. « Les ventes émanent principalement de particuliers voulant mettre fin à une indivision. Côté acquéreurs, le marché se répartit entre des épargnants désireux de diversifier leur patrimoine et de bénéficier d’une fiscalité attractive, tant en matière d’impôt sur la fortune immobilière (IFI) que de transmission (exonération de 75 %), et des fonds d’investissement souhaitant proposer cet actif à des particuliers à un ticket d’entrée moindre »
8 110 EUROS (+ 3 %) L’HECTARE POUR LES TERRES CÉRÉALIÈRES ET 5 100 EUROS (+ 1,6 %) POUR LES PRAIRIES.