Le Point

Aung San Suu Kyi, la prisonnièr­e

- J. A.

Coupée du monde. Détenue au secret.

Et soudain bombardée d’accusation­s incohérent­es. Aung San Suu Kyi, 75 ans, fait face en ce moment à un tribunal spécial dans la capitale birmane, Nay PyiTaw. La « Dame de Rangoon » a beau avoir l’habitude, elle qui a déjà été assignée à résidence pendant quinze ans, elle accuse le coup : « Daw [Madame] Aung San Suu Kyi ne semblait pas très bien », a témoigné lundi, à la sortie de la cour, son avocat, le ténor démocrate Khin Maung Zaw.

La parole était à l’accusation. L’affaire du jour : importatio­n illégale de talkieswal­kies et infraction aux restrictio­ns liées à la pandémie. En attendant les autres procès, après d’autres accusation­s sorties de nulle part début juin : un procès pour sédition et un autre pour corruption, au sujet de pots-de-vin de plus d’un demimillio­n de dollars et d’une dizaine de kilos d’or… Son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, avait remporté haut la main les élections de novembre 2020. Outre la « conseillèr­e spéciale de l’État », titre stratégiqu­e faisant d’elle la véritable numéro un du gouverneme­nt civil depuis 2016, les militaires ont raflé le 1er février le président Win Myint et des dizaines d’élus de la nouvelle assemblée à l’aube de la session parlementa­ire. Le prétexte en était une accusation infondée de fraude électorale « massive ». Motif rapidement oublié par les putschiste­s, qui lui ont substitué une litanie de poursuites sans queue ni tête, qui ne trompent personne. « Les poursuites pénales contre Aung San Suu Kyi sont bidon et politiquem­ent motivées par l’intention d’annuler sa victoire écrasante », a par exemple dénoncé Phil Robertson, directeur adjoint pour l’Asie chez Human Rights Watch, à l’ouverture de ces procès.

Sait-elle que le pays est au bord de la guerre civile ? « Elle n’est pas au courant », a confié au Financial Times Khin Maung Zaw, qui dirige son équipe de défense. Dans sa résidence surveillée, « ASSK » aurait pour seul compagnon son chien Taichito. Depuis sa première comparutio­n, le 24 mai, elle aurait été transférée dans un lieu inconnu

 ??  ?? Comparutio­n. Aung San Suu Kyi et le président Win Myint, le 24 mai, devant le tribunal de Nay Pyi Taw, la capitale birmane.
Comparutio­n. Aung San Suu Kyi et le président Win Myint, le 24 mai, devant le tribunal de Nay Pyi Taw, la capitale birmane.

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